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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/179

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SENE
SENL
— 1745 —


nus. Ces deux recueils, qui ne contiennent le plus souvent que des sujets bizarres, traités dans un style plein d’affectation, n’ont guère d’intérêt que par les détails qu’ils nous donnent sur les mœurs du temps. Il se trouvent ordinairement à la suite des Œuvres de Sénèque le Philosophe ; ils ont été trad. en franç. par Lesfargues, 1639. Sénèque le Rhéteur laissa trois fils, M. Annæus S. Novatus Gallio, proconsul en Achaïe (V. gallion), L. Annæus S., le philosophe (qui suit), et Annæeus S. Méla, père de Lucain.

sénèque le Philosophe, Luc. Annæus Seneca, fils du précéd., né à Cordoue l’an 3 de J.-C. étudia l’éloquence sous son père et suivit d’abord le barreau ; son talent oratoire ayant donné de l’ombrage à Caligula, il quitta cette carrière pour s’adonner à la philosophie. Il embrassa la secte du Portique et ouvrit lui-même une école qui fut bientôt très-fréquentée. Cependant, après la mort de Caligula, il courut la carrière des honneurs et arriva à la questure. Sous Claude, il fut accusé par Messaline d’intrigues criminelles avec Julie, fille de Germanicus et nièce de l’empereur, et fut exilé en Corse (41 de J.-C.); c’est en vain que pour obtenir son rappel il adressa les plus humbles supplications à l’affranchi Polybe, favori de Claude : il resta huit ans dans cet exil, et ne fut rappelé qu’à la mort de Messaline (48). La nouvelle impératrice, Agrippine, obtint son rappel, le fit élever à la préture et lui confia l’éducation de son fils Néron (50) : il réussit mieux à orner l’esprit de son élève qu’à former son cœur. Quand Néron fut monté sur le trône, Sénèque resta auprès de lui comme un de ses principaux ministres, et réussit quelque temps, avec le concours de Burrhus, à contenir ce naturel féroce ; mais bientôt l’empereur, se livrant à toutes sortes de crimes et de désordres, ne vit plus en lui qu’un censeur incommode. Sénèque voulut alors se retirer et rendre à l’empereur tous ses dons : Néron s’y opposa par hypocrisie et le combla de caresses ; mais il ne tarda pas à se défaire de lui en l’enveloppant dans la conspiration de Pison : il lui envoya l’ordre de se donner la mort (65); le philosophe se fit ouvrir les veines et subit son sort avec une fermeté stoïque. On reproche à Sénèque d’avoir amassé des richesses immenses pendant qu’il était en crédit, et d’avoir écrit en faveur de la pauvreté au milieu des jouissances du luxe. Tacite et surtout Dion Cassius ont rapporté plusieurs imputations peu honorables pour sa mémoire : c’est ainsi qu’on l’accuse d’avoir approuvé l’empoisonnement de Britannicus, et d’avoir fait l’apologie du meurtre d’Agrippine ; mais ces accusations ne paraissent pas suffisamment fondées. Nous avons un grand nombre d’écrits philosophiques de Sénèque : les traités des Bienfaits, de la Colère, de la Clémence, de la Tranquillité de l’âme, de la Brièveté de la vie, de la Constance du sage, de la Providence ; les Consolations à Helvia (sa mère), à Marcia, à Polybe, les Questions naturelles (en 7 livres), et 124 Lettres morales, adressées à Lucilius. Partout il prêche la morale la plus austère, et enseigne surtout le mépris de la mort ; presque tous ses écrits, les Lettres surtout, sont remarquables par la connaissance du cœur humain et contiennent d’excellents conseils pratiques ; on y trouve en outre des paroles généreuses en faveur des esclaves et des idées de fraternité universelle qui ont fait supposer, mais sans fondement, qu’il avait correspondu avec S. Paul. Son style est brillant et élégant, mais souvent affecté, rempli d'antithèses et gâté par la recherche du trait ; il vise trop à l’effet. Quintilien l’accuse d'avoir corrompu le goût de son siècle. Outre les traités philosophiques, on a encore sous le nom de Sénèque dix tragédies (Médée, Hippolyte, les Troyennes, Agamemnon, Œdipe, Thyeste, Hercule furieux, Hercule sur l’Œta, la Thébaïde, Octavie). Les savants sont incertains sur le véritable auteur de ces tragédies : la plupart donnent à Sénèque la Médée, peut-être aussi Hippolyte, Agamemnon et les Troyennes, mais plusieurs pen-


sent que les autres pièces sont de divers auteurs et ont été annexées par les copistes aux précédentes. Du reste, ces pièces, faites plutôt pour être lues que pour être représentées, n’ont aucune valeur dramatique ; elles ne sont remarquables que par l’éclat et l’élégance du style ; malheureusement l’auteur y tombe souvent dans l’affectation et l’enflure. Les Œuvres philosophiques ont été éditées et commentées par Érasme, Bâle, 1515 et 1529, in-f.; Muret, 1593 ; J. Gruter, 1594 ; Juste-Lipse, Anvers, 1605 ; D. Godefroy, Paris, 1607 ; Gronovius, Leyde, 1649 ; cum notis Variorum, 3 vol. in-8, Amst., 1672 ; aux Deux-Ponts, 1782. Les éditions les plus récentes sont celles de Ruhkopf, Leipsick, 1797-1812, 5 vol. in-8 ; de M. N. Bouillet, avec un choix des commentaires, dans la collection des Classiques latins de Lemaire, 5 v. in-8, 1827-32, et de Fickert, 6 v. in-8, Leips., 1842-47. Elles ont été trad. par Lagrange, 1778, 7 vol. in-12 (sans texte), et 1819, 14 vol. in-12 (avec le texte en regard et des notes de Naigeon). Il en a également paru des traductions complètes dans les collections Panckoucke et Nisard. — Les tragédies ont eu aussi de nombreux éditeurs : Ascensius, Paris, 1514 ; Delrio, Anvers, 1576 et 1593 ; J.F. Gronovius, Leyde, 1661 ; Schrœder, Delft, 1728 ; enfin M. Pierrot, dans la collection Lemaire, 3 vol. in-8, 1829-1832. Elles ont été traduites en franç. par Coupé (1795), Levée (1822), Greslou (dans la collect. Panckoucke), 1834, Savalète et Desforges (dans la collection Nisard), 1844. On peut consulter sur cet auteur l’Essai sur la vie et les ouvrages de Sénèque, de Diderot, écrit enthousiaste, mais déclamatoire ; l’Abrégé analytique de la vie et des œuvres de Sénèque, de Vernier, 1812, la Vie de Sénèque, de Rosmini, en italien ; Reinhardt, De L. A. Senecæ vita atque scriptis, Iéna, 1817 ; Brink, De L. A. Senecæ ejusque in philosophiam meritis, Groningue, 1829. On doit à M. A. Fleury de curieuses Recherches sur les rapports du philosophe avec S. Paul, Paris, 1853.

SENEZ, Sanicium, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), à 12 kil. N. O. de Castellane ; 1800 hab. Filatures de soie. Anc. évêché, érigé dès 450. (V. soanen.)

SENKENBERG (H. Chrétien, baron de), jurisconsulte, né en 1704 à Francfort-sur-le-Mein, m. en 1768, fut professeur à l’Université de Giessen, conseiller de l’électeur de Hanovre, jurisconsulte du margrave de Brandebourg-Anspach et du prince de Nassau-Orange, enfin conseiller aulique de l’empereur, qui le fit baron (1745). On a de lui : Corpus juris feudalis germanici, 1740 ; De la juridiction suprême de l’empereur en Allemagne, 1760 ; Corpus juris germanici publici ac privati ineditum, Francfort, 1760-66, 2 vol. in-f. — Charles S., fils du préc., trouva en 1777 dans les papiers de son père une copie authentique de la renonciation faite en 1129 par Albert d’Autriche au duché bavarois de Strauhingen, et força par là l’Autriche à se désister de ses prétentions à la succession de la Bavière.

SENLIS, Augustomagus, puis Sylvanectes, ch.-l. d’arr. (Oise), sur la Nonette, à 52 k. S. E. de Beauvais et à 50 k. N. E. de Paris ; 5831 hab. Trib. de 1re inst., institution St-Vincent ; cathédrale gothique, bibliothèque, théâtre. Chemin de fer pour Paris et Soissons. Aux env., jolis bois de Senlis, d’Ermenonville, de Chantilly, etc. Carrières de pierre, sable qui sert à faire les glaces de St-Gobain ; filatures, fabriques de toiles et de dentelles. Patrie de Simon Goulart, de Baumé ; résidence du poëte Linière. — Senlis, la capitale des Silvanectes, fit sous les Romains partie de la 2e Belgique. Sous les deux premières races, elle fut une résidence royale : elle était fortifiée, avait un évêché et un présidial. Comprise par sa position géographique dans le Valois, qui faisait partie de la Hte-Picardie, elle dépendait cependant du gouvt de l’Île-de-France. Elle tomba au pouvoir du duc de Bourgogne en 1414 ; Charles VII la reprit en 1429 ; les Ligueurs y entrèrent en 1589, mais en furent bientôt chassés. Deux traités furent