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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/210

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SLAVES, grande famille ethnographique, la plus orientale de l'Europe. Elle appartient incontestablement à la race indo-germanique, mais se distingue très-nettement et des Germains et des Finnois ou Tchoudes (Scythes des anciens). L'établissement des Slaves à l'O. du Volga précède au moins de 15 siècles l'ère de J.-C., mais leur nom ne paraît dans l'histoire qu'après cette ère. La famille slave, se divise en deux grandes sections : les Vendes et les Slaves proprement dits. Les premiers s'avancèrent beaucoup au sud et à l'ouest : les Henètes, les Vénètes furent certainement des Vendes; les Vindiles et Vandales, connus depuis le IIe siècle; les Antes, célèbres au Ve, étaient des Vendes restés au nord. Les seconds, les Slaves purs, qui commencèrent à être connus du IIe au Ve s. sous le nom de Sclavi, se disséminèrent des bouches du Volga à celles du Pô, et s'y mêlèrent à des tribus germaines et finnoises (ou scythes) : de là une confusion extrême dans tout ce que les anciens nous en ont dit; de là aussi le nom de Scythes donné par eux indistinctement à tous les peuples septentrionaux. La plupart des tribus slaves furent, aux IIIe et IVe s., subjuguées par les Goths : la révolte des Scythes du sud-est ou Huns mit fin à cette domination (376). Les Slaves restèrent libres jusqu'au règne d'Attila et c'est alors que leur célébrité commença. Les Vandales, dès 407, parurent en Gaule ; les Antes, après la mort d'Attila (453), se fixèrent entre le Danube et les Carpathes, tandis que les Serbes et les Croates (sous Héraclius, de 631 à 641) s'établirent au S., dans la Dacie. D'autres Slaves enfin s'avancèrent jusqu'à l'Elbe, mais ils furent réduits en servitude par Charlemagne puis par Othon I : d'où le nom de Slave ou d’Esclave pris depuis pour désigner les hommes privés de leur liberté.

Les Slaves ont formé en Europe 2 grands royaumes, celui des Lèques (en Pologne) vers 500, celui de Russie en 862, et plusieurs États secondaires, celui des Tchèques en Bohême, des Slovaques en Hongrie, des Serbes en Servie, des Lettes ou Lettons en Lithuanie, des Slavons en Slavonie (V. ces noms). La Prusse, la Poméranie, la Lusace, la Bohême, la Silésie, la Moravie, la Bosnie, la Valachie, sont aussi des pays où le fond de la population est slave. Celle du Mecklembourg, celle du Brandebourg est moitié germaine et moitié slave. Les Slaves n'ont adopté le Christianisme que du IXe au XIIIe s. Ils étaient idolâtres et avaient un culte particulier, moins barbare que celui d'Odin, mais moins élégant que la mythologie grecque. L'ancienne langue des Slaves se nomme le slavon : c'est auj. une langue morte, mais on en possède des monuments; le russe, le polonais, le bohême, le serbe, le styrien, en découlent. On évalue à 84 millions le nombre des individus appartenant à la race slave. On a eu de nos jours l'idée de réunir soit par une fédération, soit sous un chef commun, tous les peuples d'origine slave : c'est ce qu'on a nommé le Panslavisme; mais cette union paraît être loin de pouvoir se réaliser.

SLAVONIE (Roy. de), anc. État de l'Europe, situé au S. de la mer Baltique et le long de cette mer, avait pour bornes à l'O. l'Elbe, la mer du Nord et l'Eyder, à l'E. la Peene et au S. l'Elde, comprenant la plus grande partie du Mecklembourg; villes principales, Lubeck, Plœn, Wolgast, Mecklembourg, Kissin. Ce roy. fut fondé vers 1047 par Gottschalk (petit-fils de Mistewoï), qui, aidé des Danois et d'Ordulf, duc de Saxe, soumit les Obotrites et autres Slaves de ce pays, mais en restant vassal de la Saxe. Le Christianisme y fut introduit par les conquérants; mais vers 1080 eut lieu une terrible réaction païenne sous Kruko, prince de Rugen, qui rendit à la Slavonie son indépendance. Henri, fils de Gottschalk, la reconquit en 1105. Il mourut en 1126 et eut pour successeur le prince danois Canut Laward. Ce dernier ayant été assassiné en 1131, la Slavonie fut démembrée. En 1161, Henri le Lion conquit la plus grande partie des débris du roy. de Slavonie et l'annexa à son duché de Saxe, tandis que les Obotrites, qui avaient formé une principauté indépendante, devinrent vassaux du Danemark.

SLAVONIE, province autrichienne. V. ESCLAVONIE,

SLEIDANUS (Jean PHILIPSON, dit), historien, né en l506 à Schleide,dans l'électorat de Cologne (d'où son nom latinisé de Sleidanus), m. en 1556, fit son droit à Orléans, s'attacha au cardinal du Bellay, quitta la France en 1542 à cause de la rigueur des édits de François I contre le Protestantisme, se fixa à Strasbourg, et fut député par cette ville au concile de Trente. Il a laissé, entre autres ouvrages : 1° De quatuor summis imperiis, babylonico, persico, græco et romano, Strasb., 1556 (trad. par Ant. Teissier, Berlin, 1710, et par Hornot, 1757); 2° une histoire contemporaine, intitulée : De statu, religionis et reipublicæ, Carolo quinto Cæsare, Strasb., 1555 (trad. par Lecourayer sous le titre d’Histoire de la réformation, 1767-69). Les Protestants le citent comme un de leurs plus grands historiens et l'appellent leur Tite-Live; néanmoins, il n'est pas exempt des préventions de sa secte : aussi ses ouvrages furent-ils condamnés par le concile de Trente.

SLESVIG ou SCHLESWIG, v. d'Allemagne, capitale du duché de Slesvig jusqu'en 1850, à 225 k. S. O. de Copenhague et à 12 k. N. de Kiel ; 12 000 h. Ville irrégulière; on y distingue 4 parties (le château de Gottorp, la Vieille-Ville, le Lollfuss et Fridrichsberg) ; belle cathédrale, renfermant, le tombeau de Frédéric I. Batistes, lainages, raffineries de sucre, tanneries. Tout auprès de la ville est le château de Gottorp, berceau de la branche de la maison de Holstein qui occupe auj. le trône de Russie et de celle qui a régné en Suède. — Détruite au Xe s., elle fut rebâtie au XVe, Jadis ville impériale et hanséatique.

Le duché de Slesvig occupe la partie mérid. du Jutland et a pour bornes au S. le Holstein, 6050 k. carr.; 400 000 hab.; capit. Flensborg (depuis 1850). On le divise en 7 duchés (Gottorp, Hadersleben, Apenrade, Tondern, Flensborg, Hytten, Husum). Tout le pays est très-humide et médiocrement fertile; la côte E. est bien boisée. — Le Slesvig, qui a longtemps fait partie du roy. de Danemark, en fut souvent détaché pour former apanage, notamment en 1085, en faveur d'Olof, frère du roi Canut IV le Saint; en 1103, en faveur de Canut, neveu du roi Nicolas ; en 1386, en faveur, de Gérard VI, comte de Holstein et de Schaumbourg. Il fit retour à la couronne en 1460 par la mort d'Adolphe VIII, duc de Slesvig-Holstein ; mais en 1490, le roi Jean en conféra une partie à son frère. En 1544, nouveau partage entre le roi Christian III et ses deux frères, partage qui causa des querelles et des changements sans fin. En 1658, une partie du Slesvig devint vassale de la Suède; en 1714, Frédéric IV, roi de Danemark, le ressaisit, et le traité de Stockholm de 1720 le confirma dans cette possession. En 1848, le Slesvig, dont l'administration était réunie à celle du Danemark depuis 1740, tenta, de concert avec le Holstein, de se rendre indépendant, et invoqua dans ce but l'appui de la Confédération germanique ; il fut réduit en 1850, après de sanglants combats. (V. FRIDERICIA et IDSTEDT). Mais de nouveaux mouvements pour une séparation eurent lieu en 1863, la Confédération germanique réclama l'indépendance du Slesvig et du Holstein, et, après une guerre désastreuse (1865), le Danemark dut céder ses droits sur le Slesvig à l'Autriche et à la Prusse : l'administration du Slesvig fut dévolue à la Prusse, qui s'incorpora ce duché après la bataille de Sadowa (3 juillet 1866).

SLIGO, v. d'Irlande (Connaught), ch.-l. du comté de Sligo, à 158 kil. N. O. de Dublin, sur la baie de Sligo; 2500 hab. Ancien château. — Le comté, situé sur l'Océan, entre les comtés de Leitrim, Roscommon, Mayo, a 65 kil. sur 52, et 181 000 habitants. Argent, cuivre, plomb.

SLOANE (Hans), médecin botaniste irlandais,