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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/26

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REGNAULT (le baron J.-B.), peintre, né à Paris en 1754, m. en 1829, fut d'abord mousse ; emmené à Rome par un peintre qui avait remarqué en lui d'heureuses dispositions, il remporta à 20 ans le grand prix par un tableau d’Alexandre et Diogène. composa pour l'Académie Andromède et Persée et l'Éducation d'Achille, qui le firent admettre dans cette compagnie en 1783, et exécuta successivement un grand nombre de beaux ouvrages, parmi lesquels on remarque le Déluge, où il ne craignit pas de lutter contre Poussin, Mars désarmé par Vénus, Socrate et Alcibiade chez Aspasie, la mort d'Adonis, les Trois Grâces, l'Amour endormi sur le sein de Psyché, Jupiter enlevant Io, le Triomphe de la paix. Regnault brille surtout par la grâce ; sa manière, plus douce qu'énergique, dégénère quelquefois en mollesse. Ce maître forma d'illustres élèves, entre autres Guérin, Hersent et Blondel.

RÉGNIER (Mathurin), poëte satirique, né à Chartres en 1573, mort en 1613, était neveu du poëte Desportes qui l'initia à la poésie. Il fut tonsuré dès l'enfance, suivit à Rome le cardinal de Joyeuse (1593) et le duc de Béthune (1602), profita de son séjour en Italie pour étudier la littérature du pays, obtint à son retour un bon canonicat avec une pension de 2000 liv., et put dès lors se livrer à son goût pour les lettres et le plaisir. Quoique ecclésiastique, il s'abandonna sans retenue à des excès qui abrégèrent ses jours : il avait 40 ans quand il mourut. On a de Régnier 16 satires, 3 épîtres, 5 élégies, des poésies spirituelles et autres. Il est le premier en France qui ait réussi dans la satire ; il imita avec succès les anciens, qu'il avait pris pour modèles, et fit aussi de nombreux emprunts aux satiriques italiens. Ce poëte, plein de sens et d'énergie, excelle à saisir le ridicule et à le peindre en traits ineffaçables :

Heureux si ses discours, craints du chaste lecteur,
Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur.
(Boileau, Art poétique, IIe ch.)

Les meilleures éditions de ses Œuvres sont celles de Brossette, avec commentaire, Londres, 1729 (réimp. en 1822 par Lequien), de Lenglet-Dufresnoy, 1733, de Viollet-le-Duc, 1821, 1853, de Poitevin 1860, de Barthélémy, 1862, de L. Lacour, 1867.

RÉGNIER-DESMARAIS (Franç. Séraphin), grammairien et littérateur, né à Paris en 1632, mort en 1713, suivit à Rome, en 1662, le duc de Créqui avec le titre de secrétaire d'ambassade, et se familiarisa tellement avec l'italien qu'il fit en cette langue des vers qui furent goûtés des Italiens mêmes et qui le firent admettre à l'Académie della Crusca. Il fut à son retour pourvu du prieuré de Grammont (1668), et reçut alors les ordres sacrés. Admis à l'Académie française en 1670, il devint secrétaire de cette compagnie en 1684, fut un des plus actifs rédacteurs du Dictionnaire et en publia la 1re édition, 1694, 2 vol. in-f.; c'est lui qui tint la plume dans la dispute de l'Académie avec Furetière. On a de l'abbé Régnier une Grammaire française, 1705, ouvrage fort estimé, qui était destiné à exposer les principes dont le Dictionnaire offrait l'application ; des Poésies françaises, italiennes, latines et espagnoles (1708); des traductions de divers ouvrages de Cicéron (la Divination, les Vrais biens et les Vrais maux); il a aussi trad. de l'espagnol la Pratique de la perfection chrétienne de Rodriguez. Il était fort tenace dans ses opinions, ce qui le fit surnommer l’Abbé Pertinaæ.

RÉGNIER (Claude Ant.), duc de Massa, né en 1746 à Blamont (Meurthe), mort en 1814, fut d'abord avocat à Nancy. Député en 1789 aux États généraux, il se distingua dans cette assemblée par sa modération et ses lumières, fut élu par le dép. de la Meurthe membre du Conseil des Anciens (1795-1799), favorisa la révolution du 18 brumaire et coopéra à la rédaction de la Constitution consulaire, fut appelé au conseil d'État, élabora et présenta au Corps Législatif plusieurs projets de loi, fut nommé en 1802 grand juge ou ministre de la justice, et chargé en même temps de la police générale, dirigea en cette double qualité les poursuites contre George Cadoudal et Pichegru (1804), conserva le portefeuille de la justice jusqu'en 1813, et fut à cette époque nommé président du Corps Législatif. Il perdit tout à la chute de l'Empire, et mourut trois mois après.

RÉGNIER (Edme), habile mécanicien, né en 1751 à Semur-en-Auxois, mort en 1825 à Paris, avait d'abord été ouvrier armurier. Il inventa le dynamomètre, le paratonnerre à conducteur mobile, le méridien sonnant (ou canon méridien), perfectionna la serrure à combinaison, fabriqua une échelle à incendie s'allongeant à volonté, fit des bagues et bracelets d'acier aimanté, employés, dit-on, avec succès contre les maux de tête, etc. C'est lui qui forma le noyau du musée central d'artillerie à Paris ; il fut nommé conservateur de cet établissement.

REGNITZ. V. REDNITZ.

REGULUS (M. Atilius), général romain, consul en 267 et 256 av. J.-C. Dans son 2e consulat, il battit les Carthaginois près d'Ecnome en Sicile avec son collègue Manlius Vulso, puis en Afrique près d'Adis, et les réduisit à demander la paix ; mais, pendant qu'on en débattait les conditions, il fut attaqué, défait et pris à Tunis par le mercenaire lacédémonien Xanthippe. En 250, les Carthaginois lui donnèrent la liberté sur parole, afin qu'il accompagnât la députation chargée par eux de demander à Rome l'échange des prisonniers ; mais, au lieu d'appuyer cette mesure, il ne prit la parole dans le sénat que pour en dissuader ses concitoyens ; après avoir ainsi parlé, il ne craignit pas d'aller, malgré les prières de sa famille et du sénat même, reprendre ses fers à Carthage. Il y périt au milieu d'atroces supplices : on raconte que les Carthaginois, après lui avoir coupé les paupières et l'avoir exposé dans cet état aux ardeurs du soleil, l'auraient enfermé dans un tonneau rempli de clous, qu'ils auraient ensuite fait rouler du haut d'une montagne. Quelques critiques modernes mettent son supplice en doute. Le dévouement de Régulus a fourni des sujets de tragédie à Pradon, à Dorat, à Métastase et à Lucien Arnault, fils de l'auteur de Marius.

REGULUS SERRANUS (G. Atilius), consul en 257 et 250 av. J.-C., remporta sur les Carthaginois en 257 la victoire navale de Lipari.

REHA, v. de Turquie d'Asie. V. RACCA et ORFA.

REI ou RAZI, nom moderne des ruines de Ragæ ou Rages, en Perse, dans l'Irak-Adjémi, à 5 kil. S. E. de Téhéran. C'est là que naquirent Haroun-al-Raschid et le médecin Razi.

REICHA (Joseph), compositeur, né à Prague en 1770, m. en 1836, séjourna plusieurs années à Vienne, vint à Paris en 1809, ouvrit un cours de composition qui attira la foule, devint en 1817 professeur de contre-point au Conservatoire, et fut admis à l'Institut en 1835. On a de lui un Traité de mélodie, 1814, un Traité d'harmonie, 1819, un Traité de haute composition musicale, 1825, ouvrages qui ont opéré une révolution dans l'art musical et lui ont valu, une grande célébrité. Il a fait la musique de quelques opéras : Natalie ou la Famille suisse (1816) ; Sapho, (1822); mais ce sont des œuvres médiocres. On admire au contraire comme des chefs-d'œuvre de mélodie et d'harmonie ses quintetti d'instruments à vent, genre dont il est le créateur.

REICHARD (Auguste), né en 1751 à Gotha, m. en 1828, se fit connaître par quelques poésies et quelques pièces de théâtre, devint directeur du théâtre ducal, fonda la Gazette scientifique de Gotha et plusieurs autres recueils ; visita avec soin l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la France, et publia des Guides estimés pour leur exactitude (Guide des voyageurs en Italie et en Suisse, Weimar, 1819 ; Guide des voyageurs en France, Paris, 1823 ; Manuel du voyageur en Allemagne, 1836). Il fut nommé à la fin de sa vie directeur de l'administration de la guerre de Saxe-Gotha, puis conseiller intime.