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Dijon sur l’Origine de l'inégalité parmi les hommes (1754), et avait remporté le prix. On a de lui, outre ses Sermons, des Éloges de Louis XV, Montaigne, Bossuet, Massillon, d'Amboise, L'Hôpital, couronnés par diverses académies.

TALBOT (Jean), 1er comte de Shrewsbury, général anglais, l’Achille de l'Angleterre, né vers 1373 à Blechmore (Shropshire), était issu d'une famille normande originaire de Caux. Envoyé dès 1417 en France, sous le règne de Charles VI, il se signala dans plusieurs combats par un courage indomptable, mais ne put contre-balancer la bonne fortune de Charles VII aidé de Jeanne d'Arc. Il assista au siège d'Orléans et devint commandant en chef des troupes anglaises après l'affaire de Jargeau, où Suffolk s'était laissé prendre (1429). Il perdit la bataille de Patay, et y fut pris par Xaintrailles, qui le renvoya sans rançon ; il eut bientôt occasion d'user de la même courtoisie à l'égard de son libérateur. Il reçut successivement les titres de comte de Shrewsbury, de Wexford, de Waterford en récompense de ses faits d'armes. Il reparut en Guyenne en 1452, et occupa rapidement toute la province, mais il perdit la victoire et la vie à la bataille de Castillon, près de Bordeaux (1453). Il avait reçu en 1441 du roi d'Angleterre Henri VI, alors maître de la France, le titre purement factice de maréchal de France. — Un de ses descendants, Ch. Talbot, comte, puis duc de Shrewsbury, 1660-1717, était chambellan de Jacques II. Désapprouvant la politique de ce prince, il quitta son service, et favorisa l'entreprise du prince d'Orange (Guillaume III), qui, appelé au trône, le nomma dès 1689 son principal ministre, puis le créa duc (1694). Il fut sous la reine Anne membre du conseil privé, ambassadeur en France, puis lord trésorier.

TALBOT (Richard), comte, puis duc de Tyrconnel, gentilhomme irlandais, zélé catholique, jouit de toute la confiance de Jacques II, qui le nomma vice-roi d'Irlande. Il défendit Jacques contre son gendre Guillaume, prince d'Orange, et reçut le roi à Dublin lorsqu'il eut été chassé d'Angleterre. Après la révolution de 1688, il tenta de rendre l'Irlande indépendante, mais sans pouvoir y réussir. Il mourut en 1691.

TALCA ou SAINT-AUGUSTIN, v. du Chili, ch.-l. d'une prov. de son nom, à 190 kil. S. de Santiago; 2000 hab. Aux env., mines d'or et améthystes.

TALENT, poids monétaire des anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TALENT, v. d'Afrique, capit. de l'État de Sidi-Hescham, à 110 kil. S. O. de Tarodant.

TALLAHASSEE, v. des États-Unis, capit. de la Floride, sur l'Appalachicola, par 86° 56' long. O., 30° 28 lat. N.; 4500 hab. Cour de justice, église de Presbytériens. Chemin de fer.

TALLARD, ch.-l. de c. (Htes-Alpes), sur la r. dr. de la Durance, à 10 kil. S. de Gap; 1105 hab.

TALLART (Camille D'HOSTUN, duc de), général français, 1652-1728, servit sous Condé et Turenne, devint lieutenant général en 1693, maréchal en 1703, gagna la bataille de Spire sur les Impériaux, mais fut par sa faute défait, avec Marsin, à Hochstædt par Marlborough et le prince Eugène (1704), fait prisonnier et conduit à Londres, où il resta sept ans en captivité. Il eut part, dit-on, par ses intrigues près de la reine Anne, au rappel de Marlborough. Il fut, à son retour, nommé duc et pair, puis membre du conseil de régence, et fut ministre d’État sous Louis XV. Il était membre honoraire de l'Académie française.

TALLEMANT DES RÉAUX (François), littérateur, né à la Rochelle en 1620, m. en 1693, fut 24 ans aumônier de Louis XIV, entra à l'Académie française en 1651, donna une traduction de Plutarque (1663-65, 8 vol.), que Boileau accuse de sécheresse, et traduisit l’Histoire de la république de Venise de Nani, J679. — Son frère, Gédéon Tallemant des Réaux, né vers 1619, mort à la fin du XVIIe s., fut maître des requêtes, puis intendant de province. Né protestant, il adjura dans ses dernières années. Il a laissé des Mémoires qui n'ont été publiés qu'en 1834, par MM. Monmerqué et Taschereau, sous le titre d’Historiettes de Tallemant des Réaux (6 vol. in-8), et dont une éd. plus complète a été donnée en 9 vol. in-8 par M. Paulin Paris, 1854-61; on y trouve une foule d'anecdotes curieuses et d'histoires plaisantes, mais racontée le plus souvent avec trop de cynisme.

TALLEMANT (l'abbé Paul), cousin des préc. (1642-1712), membre de l'Académie des inscriptions, fut longtemps l'orateur de la 1re de ces compagnies et le secrétaire de la 2e. Il a publié en 1698 les Remarques et décisions grammaticales de l'Académie, et en 1702 une Histoire de Louis XIV par les médailles.

TALLEYRAND, branche cadette de la famille des comtes souverains de Périgord, tire son nom d'une terre du Périgord, que possédaient ces comtes, et remonte jusqu'à Boson I, comte de la Marche au Xe s. Le 1er qui ait porté ce nom est Hélie de Talleyrand, qui vivait vers 1100.

TALLEYRAND-PÉRIGORD (Hélie de), cardinal, né en 1301, mort en 1364, était fils d'Hélie VII, comte de Périgord. Il fut nommé évêque de Limoges dès 1324 et cardinal peu d'années après. Il eut grande part à l'élection de quatre papes : Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V, ce qui fit dire qu'il avait mieux aimé faire des papes que de l'être ; fut chargé de négociations importantes par le St-Siége, fit élire empereur Charles IV à la place de Louis V encore vivant (1346), alla à Londres solliciter la liberté du roi Jean et fit conclure entre la France et l'Angleterre une trêve de deux ans. Il protégea les lettres et fut l'ami de Pétrarque. — Henri de T., comte de Chalais, né en 1599, favori de Louis XIII, et amant de la duchesse de Chevreuse, montra de la bravoure aux siéges de Montpellier et de Montauban. Il eut le malheur de tremper avec la duchesse de Chevreuse dans une conspiration contre Richelieu : celui-ci l'accusa d'avoir conspiré contre le roi même, le fit arrêter à Nantes, juger et décapiter (1626); il n'avait que 26 ans. — Alexandre Angélique de T., cardinal, né à Paris en 1736, mort en 1821, fut à 30 ans coadjuteur de l'archevêque de Reims, obtint lui-même cet archevêché en 1777, fut député aux États généraux où il protesta contre les innovations, émigra de bonne heure et se lia dans l'exil avec le comte de Provence (Louis XVIII), qui à son retour l'inscrivit le 1er sur la liste des pairs de France. Il fut nommé en 1817 cardinal et archevêque de Paris. Il était oncle du fameux diplomate, qui suit.

TALLEYRAND-PÉRIGORD (Ch. Maurice de), prince de Bénévent, diplomate, né à Paris en 1754, m. en 1838, était boiteux, et fut pour ce motif destiné à l’Église quoique aîné de famille. Il fut fait évêque d'Autun dès l'âge de 25 ans, adopta les principes de la Révolution, se lia avec Mirabeau, fut élu membre de l'Assemblée constituante, où il provoqua l'abolition des dîmes ecclésiastiques, célébra la messe au Champ-de-Mars le jour de la fédération (14 juillet 1790) et bénit les drapeaux, admit la nouvelle constitution du clergé et sacra les évêques assermentés, ce qui le fit excommunier par le pape; fut envoyé à Londres par Louis XVI en 1792 pour assister l'ambassadeur Chauvelin, reçut en 1794 du cabinet de St-James l'ordre de s'éloigner, en même temps qu'il était décrété d'accusation en France par le parti de Robespierre, se rendit alors en Amérique, où il refit sa fortune par le négoce, ne revint en France qu'en 1796, obtint du Directoire, avec l'appui de Mme de Staël, le ministère des relations extérieures, mais fut bientôt écarté; s'entendit avec Bonaparte à son retour d’Égypte pour préparer le 18 brumaire; fut rappelé aux affaires par le nouveau gouvernement; négocia les traités de Lunéville, d'Amiens, de Presbourg, de Tilsitt, prit, assure-t-on, une grande part à l'enlèvement du duc d'Enghien, fut nommé grand chambellan à l'avénement de l'empereur, et reçut en 1806 la principauté de Bénévent. Ayant conseillé l'al-