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de l’Égypte sous Auguste (28 ans av. J.-C.), et tomba enfin sous la domination des Arabes, sous laquelle elle dépérit de jour en jour. Il n'en reste auj. que des ruines qui couvrent une surface immense; de ses débris se sont formés plusieurs villages, dont les principaux sont Med-Amoud, Karnak, Louqsor, sur la rive droite du Nil, Médinet-Abou, Gournou, sur la rive gauche. Parmi ses ruines on distingue surtout : 1° à gauche du Nil, le gigantesque palais de Ramsès Méiamoun, le Memnonium (où se voient deux colosses, dont un fut la statue harmonieuse de Memnon), le tombeau d'Osymandias, le petit temple d'Athor, la grande Syringe avec de longues galeries souterraines; 2° à droite du Nil, le palais d'Aménophis-Memnon (Aménotph III), l'allée des 600 sphinx, longue de plus de 2000m, le palais de Karnak, le plus grandiose des monuments qu'offre Thèbes. Les obélisques, les colonnes, les inscriptions, les statues abondent dans ces ruines, qui ont enrichi les grands musées de l'Europe, notamment le Musée égyptien du Louvre. Un des obélisques tirés de ces ruines orne la place Louis XV à Paris; plusieurs autres avaient été transportés à Rome dès les temps anciens. A l'ouest de Medinet-Abou se voient les tombeaux des rois des 18e, 19e et 20e dynasties.

THÈBES, Thebæ, auj. Thivæ, v. de la Grèce ancienne, dans la Béotie, au centre, sur l'Ismène, fondée vers 1580 av. J.-C., par Cadmus, qui bâtit la citadelle appelée Cadmée, puis agrandie par Zéthus et Amphion (1457). Cette ville joue un grand rôle dans l'histoire fabuleuse des Grecs : c'est là que régnèrent Labdacus, Laïus, Œdipe, et les deux frères ennemis Étéocle et Polynice; c'est contre Thèbes qu'eut lieu la guerre des Sept-Chefs (1313 ou 1207 av. J.-C. ?) et celle des Épigones (1303 ou 1197). Elle forma un royaume jusqu'en 1126, adopta ensuite la forme républicaine, et fut longtemps la cité dominante de la fédération béotienne. Jalouse d'Athènes, elle s'allia avec les Perses lors de leur invasion en Grèce et prit parti pour Sparte dans la guerre du Péloponèse. Mais, après la prise d'Athènes, lasse du joug que Sparte faisait peser sur la Grèce, elle entra dans la ligue formée contre elle par Corinthe, Argos et Athènes : pour l'en punir, les Spartiates s'emparèrent par surprise de la Cadmée et soumirent de nouveau les Thébains à leur domination. Thèbes ne recouvra son indépendance qu'en 379, lorsque Pélopidas eut chassé la garnison lacédémonienne ; elle entra dès lors en lutte avec Sparte, et joua quelque temps le premier rôle en Grèce, grâce au génie d'Épaminondas et aux victoires de Leuctres et de Mantinée; mais sa puissance déclina aussitôt après la mort de ce grand homme (363). Thèbes engagea ensuite la Guerre Sacrée et appela en Grèce Philippe, qui peu après ne tarda point à dominer dans tout le pays : vainqueur des Thébains et des Athéniens à Chéronée, il tint garnison dans la Cadmée (338). S'étant, à la mort de Philippe, révoltée contre Alexandre, elle fut aussitôt (336) prise et détruite par ce conquérant, qui ne respecta que la maison de Pindare, natif de Thèbes. Elle se releva dans la suite, mais ne recouvra jamais sa grandeur. — Auj. Thèbes, sous le nom de Thivæ, appartient au roy. de Grèce : elle est le ch.-l. d'une éparchie de son nom, dans le nome d'Attique et Béotie ; elle compte env. 6000 hab. Elle a été presque détruite en 1853 par un tremblement de terre.

Outre les 2 villes qui précèdent, il y avait d'autres villes du même nom, mais peu importantes, en Thessalie (Phthiotide), en Palestine (Éphraïm), etc.

THÈCLE (Ste), vierge d'Isaurie, convertie par S. Paul, fut deux fois condamnée à mort, mais échappa miraculeusement au supplice. On la fête le 23 sept. La cathédrale de Milan lui est dédiée.

THEIL (le), ch.-l. de c. (Orne), sur l'Huisne, à 35 kil. S. E. de Mortagne; 867 hab. Station.

THÉIS (Alex, baron de), né à Nantes en 1765, m. en 1842), était frère de Constance de Théis qui devint princesse de Salm (V. SALM), et fut sous Louis-Philippe préfet de la Corrèze et de la Hte-Vienne. On a de lui le Voyage de Polyclète, 1821, destiné à faire connaître l'Italie antique, comme le Voyage d'Anacharsis fait connaître la Grèce, mais bien inférieur à son modèle; la Politique des nations, 1828.

THEISS (la), Tibiscus ou Pathyssus en latin, riv. de Hongrie, sort des monts Carpathes dans le comitat de Marmarosch, arrose les comitats de Ugocs, Szathmar, Beregh, Szabolcs, Unghvar, Zemplin, Borsod, Hevesch, Pesth, Csongrad, Csanad et Bacs, l'Esclavonie militaire et le Banat, baigne les villes de Szigeth, Szolnok, Csongrad, Szegedin, et se jette dans le Danube, par la r. g., à 40 kil. S. E. de Petervaradin, après un cours d'env. 1000 kil. Affluents : le Bodrog, le Sajœ, le Szamos, le Kœrœs, le Maros. — La Theiss donne son nom à 2 des 4 grandes divisions anciennes de la Hongrie, le Cercle au delà de la Theiss, au S. E., et le Cercle en deçà de la Theiss, au N. N. O., remplacés depuis par les cercles de Gros-Varadin et de Kaschau.

THÈME, division territoriale de l'empire d'Orient, qui au VIIe s. fut substituée aux divisions eu diocèses et provinces : on nommait ansi un gouvernement gardé par une légion. V. ORIENT (Empire d').

THÉMINE (PONS DE LAUZIÈRE, marquis de), sénéchal du Quercy, né vers 1552, m. en 1627, empêcha les Ligueurs de s'établir dans le Rouergue et la Ht-Languedoc, contraignit le duc de Joyeuse à lever le siège de Villemur en 1592, arrêta le prince de Condé, chef des Calvinistes, et reçut le même jour le bâton de maréchal de France (1616). Nommé gouverneur de la Bretagne en 1627, il mourut du chagrin que lui causèrent les plaintes qui furent portées contre lui par le parlement de Rennes à l'occasion de désordres commis par ses soldats.

THÉMIS, c.-à-d. la Justice, déesse de la justice chez les Grecs, fille d'Uranus ou de Titan, et nourrice d'Apollon, rendit avant ce dieu des oracles à Delphes. Certaines traditions la font régner en Thessalie : elle gouverna avec tant de sagesse et d'équité qu'on en fit depuis la déesse de la justice. On la représente assise, un glaive nu d'une main et une balance de l'autre. On la confond avec Astrée.

THÉMISCYRE, Themiscyra, auj. Thermeh, v. du Pont occid., sur les bords du Thermodon, près de son embouchure, était célèbre dans la Fable comme ayant été la résidence principale des Amazones.

THÉMISON, médecin grec, de Laodicée, disciple d'Asclépiade, restaura la secte des Méthodiques, opposée aux Empiriques. Il vivait du temps d'Auguste.

THÉMISTIUS, dit Euphradès, c.-à-d. le Beau parleur, rhéteur grec, ne en Paphlagonie vers l'an 317 de J.-C., embrassa la philosophie péripatéticienne, parcourut diverses villes d'Orient, où il fit briller son éloquence, se fixa à Constantinople pour y enseigner la rhétorique, devint sénateur (355),jouit d'un grand crédit à la cour sous sept princes différents, depuis Constance jusqu'à Théodose, surtout sous Julien, fut nommé préfet de Constantinople en 384, et, quoique païen, sut obtenir l'estime des Chrétiens par la pureté de sa morale et par sa tolérance. Il mourut au plus tard sous Arcadius. On a de Thémistius 34 Discours (panégyriques, remerciements officiels, harangues sur l'amitié, sur l'agriculture, etc.), et des paraphrases sur divers ouvrages d'Aristote (la Physique, le traité de l’Âme, les Dernières analytiques, les livres de la Mémoire, du Sommeil, de la Veille). Il avait laissa, dit-on, des Commentaires sur toutes les œuvres d'Aristote, et beaucoup de Lettres. Les éditions les plus complètes de ses Œuvres sont celles de Hardouin, Paris, 1684, in-fol., et de Dindorf, Leips., 1852, in-8. Un discours inédit de Thémistius a été retrouvé et publié pour la 1re fois par Ang. Mai, à Milan, en 1815. Plusieurs de ses ouvrages existent encore en manuscrits et sont inédits.

THÉMISTOCLE, Themistocles, illustre Athénien, né vers 533 av. J.-C., était d'obscure naissance. Il se