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trône (1166), dirigea contre les pirates de la Baltique une foule d'expéditions glorieuses, conquit l'île de Rugen, où il détruisit le culte d'Hertha et celui de Svantovit (1168); força le roi de Norvège (Magnus VI) à signer un traité humiliant, et fit rédiger les deux codes dits loi de Scanie et loi de Seeland, qui sont encore en vigueur. Il mourut en 1181, laissant 2 fils, Canut et Valdemar, qui régnèrent après lui, et une fille, Ingeburge, qui épousa Philippe-Auguste, roi de France. — II, le Victorieux, 2e fils du préc., succéda en 1202 à son frère aîné Canut VI, conquit le Holstein, se fit confirmer par l'empereur Frédéric II dans la possession de tous les pays slaves au S. et à l'E. de l'Eyder et de l'Elbe qu'avaient acquis ses prédécesseurs ; fit en Suède et en Norvège des expéditions glorieuses, acquit la Prusse en 1210, subjugua une partie de l'Esthonie (1219), y fonda Revel et Narva, et se vit à la tête de la plus puissante marine qui existât alors (1400 bâtiments). Sa bannière ayant été perdue dans un combat, il la remplaça par le Danebrog, étendard qu'on prétendit tombé du ciel. Fait prisonnier en 1223 par le comte Henri de Schwerin, il n'obtint la liberté qu'après deux ans et à des conditions onéreuses. En 1240, il fit réviser les lois de Scanie et de Seeland, et publia un nouveau code pour les autres provinces ; il fit faire un recensement, dont on a encore la relation (Liber census Daniæ). Il mourut en 1241, laissant 3 fils, Eric VI, Abel, Christophe I, qui régnèrent tous trois après lui. — Valdemar III, son fils aîné, qu'il avait de son vivant nommé co-régent (de 1219 à 1231), était mort avant lui. — IV, 3e fils de Christophe II, était en Bavière lorsque son père mourut (1334), et fut quelques années retenu à l'étranger par l'anarchie. En 1340, il vint avec une armée de Bavarois et de Souabes, et rentra successivement en possession du Slesvig, de Seeland et autres îles du Jutland (1340-44), mais il céda au roi de Suède et Norvège Magnus II le Halland, la Scanie, la Blékingie (1343). En 1347, il vendit l'Esthonie à l'ordre Teutonique, et, avec l'argent que lui valut cette vente, il racheta nombre de domaines encore engagés (1348). Les grands, effrayés de son pouvoir, se révoltèrent plusieurs fois (1353 et 1357), et appelèrent à leur secours les ducs de Mecklembourg et de Saxe-Lauenbourg : Valdemar ne parvint à les soumettre qu'en 1360. Il venait alors de reprendre à la Suède les 3 provinces qu'il lui avait cédées ; il conquit encore les îles d'Œland et de Gothland, mais il s'attira ainsi la guerre avec la Norvège et la Suède, avec la Hanse et plusieurs princes allemands. Il réussit à rompre cette ligue en mariant Marguerite, sa fille, avec le roi de Norvège Haquin VII. Une 2e ligue s'étant formée contre lui en 1368, il implora vainement le secours de l'empereur Charles IV, et se vit forcé de faire de grands sacrifices pour sauver ses États. Il mourut en 1375, sans enfant mâle, et laissa le trône au fils de Marguerite, Olof II, déjà roi de Norvège.

VALDEMAR, roi de Suède, le 1er de la dynastie des Folkungiens, fut élu en 1250, à la mort d'Éric XI, son oncle maternel, et gouverna d'abord conjointement avec son père, le célèbre comte Birger. Il se déshonora par ses mœurs dissolues, entreprit, pour effacer ses torts, un pèlerinage à Jérusalem (1272), et confia en partant l'administration à son frère Magnus. Au retour, en 1276, il trouva des trames perfides ourdies contre lui par Magnus, ce qui causa une guerre civile : il fut vaincu, puis il abdiqua, ne se réservant que le duché de Gothie et le Smaland; mais bientôt il reprit les armes, fut encore battu, se réfugia en Danemark (1278), et finit par être arrêté et mis en prison par ordre de Magnus (1288). Il y mourut 5 ans plus tard.

VALDERIES, ch.-l. de c. (Tarn), au pied du Puy St-George, à 15 kil. N. E. d'Alby; 1126 h. Houille.

VALDIVIA, v. forte et port du Chili, sur le Valdivia (affluent du Grand-Océan), à 70 k. S. S. O. de Santiago, au milieu de l'Araucanie, par 76° long. O. et 40° lat. S.; env. 3000 hab. Fondée en 1551 par Pierre de Valdivia, et plusieurs fois détruite et relevée; prise en 1820 par lord Cochrane; ravagée par un affreux tremblement de terre en 1837.

VALDIVIA (Pierre de), un des compagnons de Pizarre, s'était acquis le renom de bon officier en Italie. Il accompagna Pizarre au Pérou, le seconda contra Almagro, eut une part essentielle à la défaite du dernier, obtint à sa place le gouvernement du Chili, dont bientôt il acheva la conquête, et où il bâtit Santiago. Ramené dans le Pérou par les troubles qui agitaient cette province après la mort de Pizarre (1541), il prit parti pour Gonzalès, frère de celui-ci, contre Nunez de Vela, représentant du roi d'Espagne, mais ensuite il rentra dans le devoir, aida La Guasca à triompher des rebelles, et gagna ainsi la titre de capitaine général du Chili et de tout le pays qu'il pourrait soumettre au sud du Pérou. Il s'enfonça dans ces régions encore inconnues, cherchant de l'or et subjuguant les tribus qui se trouvaient sur son passage, fonda les villes de la Concepcion, de Villa Imperiale, de Villarica, de Valdivia, mais il finit par être vaincu en 1559 par les Araucans, qui le rirent prisonnier et l'assommèrent,

VALDO (Petrus de), en français Pierre de Vaux, hérésiarque du XIIe s., était un marchand de Lyon, natif de Vaux, près de cette ville. Devenu très-riche, il quitta le monde, vendit ses biens, en donna le prix aux pauvres, se mit, avec un certain nombre de disciples, à expliquer la Bible au peuple et à dogmatiser, prétendant que chaque fidèle pouvait remplir les fonctions de prêtre, et forma dès 1136 la confrérie des Pauvres de Lyon. On ignore à quelle époque il mourut. Ses disciples formèrent la fameuse secte connue sous le nom de Vaudois.

VALDRADE, sœur de Gontier, archevêque de Cologne, gagna par sa beauté le cœur de Lothaire, roi de Lorraine, fils de l'empereur Lothaire I, qui répudia pour l'épouser sa femme Teutberge. Le pape Nicolas I excommunia les deux époux et força Lothaire à quitter Valdrade et à reprendre Teutberge (865).

VALÉE (le maréchal), général d'artillerie, né en 1773 à Brienne, m. en 1856, fit avec distinction les guerres de la République et de l'Empire, rendit de grands services en Espagne, surtout aux sièges de Lérida, Tarragone, Tortose, Valence, et fut créé comte de l'Empire en 1814; se rallia aux Bourbons dès leur retour et présida le conseil de guerre qui condamna Lefebvre-Desnouettes; fut en 1837 chargé de commander l'artillerie au 2e siège de Constantine ; prit, après la mort du général Danrémont, la direction du siége, et emporta rapidement la ville (13 oct. 1837). Nommé presque aussitôt maréchal de France et gouverneur général de l'Algérie, il étendit la domination française, fit occuper Stora, Milah, Sétif, Koléah, Blidah, et dirigea en 1839, avec le duc d'Orléans, l'expédition des Portes-de-Fer, qui eut un plein succès. Il rentra en France en 1840. M. Molé a prononcé son Éloge funèbre à la Chambre des pairs en 1847. Une statue lui a été érigée à Constantine.

VALENÇAY, ch.-l. de c. (Indre), sur le Nahon, à 41 kil. N. O. de Châteauroux; 3587 hab. Superbe château, avec parc, bâti au XVIe s. par la famille d'Étampes, d'après les dessins de Philibert Delorme, et qui appartint, au commencement de ce siècle, au prince de Talleyrand. Napoléon le donna pour résidence au prince des Asturies (depuis Ferdinand VII), qui y resta de 1808 à 1814. C'est là aussi que séjourna, de 1840 à 1845, don Carlos, le prétendant au trône d'Espagne.

VALENÇAY (Achille D'ÉTAMPES-), dit le cardinal de Valençay, né à Tours en 1589, m. en 1646, se signala d'abord comme chevalier de Malte à la prise de Ste-Maure, dans l'Archipel, puis en France, en Italie et dans les Pays-Bas; il commanda les troupes d'Urbain VIII contre le duc de Parme, fit triompher dans cette guerre les armes du S.-Père et reçut en récompense le chapeau de cardinal (1648).