Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gea les principaux sièges dans la guerre de Hollande (1673), prit Maëstricht en personne et mit toutes les côtes en état de défense; il fut nommé en 1674 brigadier général des armées. Dans la campagne de 1677, on lui dut la prise de Valenciennes et de Cambray. Nommé la même année commissaire général des fortifications, il eut en cette qualité la direction de toutes les forteresses de la France, y fit d'importantes améliorations, et en éleva un grand nombre de nouvelles, entre autres Maubeuge, Longwy, Sarrelouis, Thionville, Haguenau, Huningue, Kehl, Landau, qui formaient comme une ceinture autour des frontières : il assura ainsi le salut de la France dans la campagne de 1688. Il prit encore Mons (1691), Namur (1692), Steinkerque (1692), et reçut, en 1703, le bâton de maréchal. Il n'en dirigea pas moins le siége de Brisach, sous le commandement du duc de Bourgogne (1703). Il passa ses dernières années dans la retraite, occupé d'objets d'utilité publique. Vauban fit faire d'immenses progrès à l'art des siéges et des fortifications : pour l'attaque, il imagina les feux croisés, les boulets creux, le tir à ricochet, les cavaliers de tranchée, perfectionna les parallèles, et changea la marche des sapes; pour la défense, il ne se servit que d'ouvrages rasants, presque au niveau de la campagne, persuadé que les fortifications hautes n'en étaient que plus exposées à être foudroyées par l'artillerie. D'un caractère noble, désintéressé, et plein de franchise, Vauban ne craignait pas de contredire Louis XIV, même en matière politique, et lui conseilla fortement de réformer les finances, d'établir la liberté des cultes ; c'est d'après ses avis que Louis XIV fonda l'ordre de St-Louis (1693). Étranger à la jalousie, il fit lui-même accueillir en France Cohorn, son rival, qui, mécontent du prince d'Orange, avait quitté la Hollande. Il a laissé un grand nombre d'écrits, dont quelques-uns seulement ont été imprimés; les principaux sont des Traités de l'Attaque et de la Défense des places, des Mémoires sur l'Édit de Nantes, sur la Dixme royale. Dans ce dernier ouvrage, qui parut en 1707, et que quelques-uns attribuent à Bois-Guillebert, son cousin, il proposait de remplacer tous les impôts par un impôt unique, la dîme royale, que tous, nobles, prêtres et roturiers, auraient également payé : il eut la douleur de voir ce livre tout patriotique déféré au conseil du roi et condamné au pilori. Il avait laissé, sous le titre modeste de Mes oisivetés, 12 vol. in-fol. de manuscrits précieux : M. Poncelet a publié en 1841-43 des Mémoires inédits de Vauban, extraits des Oisivetés. M. Favé a donné en 1847 ses Mém. militaires. Vauban était membre honoraire de l'Acad. des sciences : Fontenelle y a prononcé son Éloge. Sa Vie a été écrite par M. de Chambray, 1840. Le cœur de Vauban a été placé aux Invalides, 1808.

VAUBAN (Anne Joseph, comte de), arrière-petit-neveu du préc., né à Dijon en 1754, m. en 1816, était colonel en 1789. Il émigra, fit la campagne de 1792 dans l'armée des princes comme aide de camp du comte d'Artois et prit part en 1795 à l'expédition de Quiberon où il faillit périr. Rentré en France sous le Consulat, il fut arrêté et enfermé au Temple en 1806 : on avait saisi chez lui des Mémoires pour servir à l'histoire des guerres de la Vendée, où il ménageait peu les émigrés et même les Bourbons : le gouvernement impérial s'empressa de les publier, et en même temps il rendit la liberté à l'auteur, qui dès lors devint suspect à son parti.

VAUBECOURT, ch.-l. de c. (Meuse), à la source de l'Aisne, à 20 kil. N. de Bar-le-Duc; 1095 hab.

VAUBLANC (VIENOT, comte de), homme politique, né en 1756 à Montargis, m. en 1845, fut député à l'Assemblée législative, où il prit place au côté droit, fut inquiété sous la Terreur pour ses opinions royalistes, devint après le 9 thermidor l'âme du parti clichien, fut condamné à mort par contumace après le 13 vendémiaire et à la déportation après le 18 fructidor, rentra en France à la suite du 18 brumaire, devint préfet de la Moselle et fut fait comte de l'Empire. En 1814, il se rallia avec empressement aux Bourbons ; chargé en 1815 du ministère de l'intérieur, il signa l'ordonnance qui dissolvait l'Institut et épura l'administration avec une telle rigueur qu'il fallut le remplacer dès 1816. Cependant il reçut le titre de ministre d'État. Député du Calvados en 1820, il appuya constamment le ministère Villèle; il disparut de la scène politique en 1830. Il a laissé de nombreux écrits, parmi lesquels on peut citer : Rivalité de la France et de l'Angleterre, 1808; Le dernier dès Césars, poëme en 12 chants, 1819; Mémoires sur la Révolution, 1832. Il était membre libre de l'Académie des beaux-arts. Vaublanc a laissé des Mémoires, qui ont été publiés après sa mort par F. Barrière.

VAUBOIS (le général, comte de), né en 1748 à Château-Vilain, m. en 1839, faisait partie de l'expédition d’Égypte. Chargé, après la prise de Malte par Bonaparte, en 1798, du commandement de cette place, il se maintint pendant 2 ans, avec une faible garnison de 4000 hommes, contre les attaques réunies des habitants de l'île, des Anglais, des Russes, des Portugais et des Napolitains : il ne se rendit qu'après 8 sommations, après avoir perdu la moitié de sa garnison, et à la condition d'obtenir tous les honneurs de la guerre (1800). Il fut en récompense nommé sénateur, puis comte de l'Empire.

VAUCANSON (Jacq. de), un des plus grands mécaniciens qui aient existé, né en 1709 à Grenoble, m. en 1782, révéla de très-bonne heure son aptitude. Après divers essais remarquables qu'il fit sans autre maître que son génie et avec les instruments les plus grossiers, il vint à Paris étudier les sciences, et se fit une réputation européenne par une foule de chefs-d'œuvre de mécanique, notamment par ses automates. Chargé par le cardinal Fleury de l'inspection des manufactures de soie, il perfectionna plusieurs machines employées dans cette industrie et inventa le moulin à organsiner, ainsi qu'un métier à tisser les étoffes façonnées. On lui doit aussi la chaîne employée en mécanique pour régulariser les transmissions et appelée de son nom Chaîne de Vaucanson. Parmi ses automates, on cite le Joueur de flûte, de tambourin et de galoubet, et un Canard qui prenait du grain avec son bec et le digérait. Vaucanson était membre de l'Académie des sciences : Fontenelle y a prononcé son Éloge.

VAUCELLES, vge de l'anc. Flandre, sur l'Escaut, à 8 kil. S. de Cambray, se forma autour d'une abbaye de l'ordre de Cîteaux, fondée en 1132 par S. Bernard. Une trêve de 5 ans fut signée à Vaucelles le 5 février 1556 entre Henri II et Charles-Quint.

VAUCHAMPS, vge du dép. de la Marne, entre Montmirail et Champaubert, à 33, kil. S. O. d'Épernay; 450 hab. Meules à moulin. Les Français y obtinrent un avantage sur les Prussiens commandés par Blücher le 14 février 1814.

VAUCLUSE, en latin Vallis Clausa, village du dép. de Vaucluse, à 28 kil. E. d'Avignon, dans un vallon que baigne la Sorgue, riv. dont la source est voisine. Cette source, que l'on nomme Fontaine de Vaucluse, occupe le fond d'une caverne. C'est une des plus belles que l'on connaisse; elle a été immortalisée par les vers de Pétrarque.

VAUCLUSE (dép. de), un des dép. du S. E. de la France, à l'E. du Rhône, entre ceux de la Drôme au N., des Bouches-du-Rhône au S. et des B.-Alpes à l'E., a 3423 kil. carrés et 268 255 hab.; ch.-l., Avignon. Formé de l'ancien Comtat Venaissin, de la principauté d'Orange, et de partie de l'anc. Provence. Montagnes, parmi lesquelles le mont Ventoux; coteaux. Fréquents orages; trop peu de pluies. Beaucoup de rivières; marais à l'O. Houille, terre à poterie; eaux minérales. Peu de bois, de fourrages et de grains; fruits excellents, garance, safran, olives, miel ; vin médiocre. Industrie active : élève du ver à soie et préparation de la soie; couvertures de laine,