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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/487

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en 1806 à Marseille, m. en 1866 ; écrivit pour les journaux et les revues une foule de nouvelles et des romans, qui furent très-remarqués par leur originalité piquante, et qui se succédèrent de 1828 à 1860 avec une inépuisable fécondité. Il a aussi écrit avec succès pour le théâtre le Lion empaillé, une Tempête dans un verre d’eau, la Queue du chien d’Alcibiade, etc.

GRATRY (l’abbé Aug.-Jos.-Alphonse), écrivain français, né à Lille en 1805, m. en 1872 ; fut élève de l'École polytechnique, prit les ordres, dirigea le coll. Stanislas, fut aumônier de l’École normale, profess. à la Faculté de théol. de Paris, et membre de l’Académie française. Il se consacra, en 1852, avec l’abbé Pétetot, à la reconstitution de l’ordre des Oratoriens. Son principal ouvrage est un cours de philosophie en trois parties : Connaissance de l’âme, Logique, Connaissance de Dieu (6 vol. in-8, 1855-57). On lui doit aussi les Sources, conseils pour la conduite de l’esprit (1861).

GRISI (Giulia), cantatrice italienne, née à Milan en 1810, morte en 1869, suivit et surpassa au théâtre sa sœur Judith Grisi (1805-1840). Sa beauté, son talent dramatique et sa voix brillante de mezzo soprano lui valurent les plus grands succès sur les différentes scènes de l’Italie, et au théâtre italien de Paris et de Londres (1832-1857). — Sa cousine, Carlotta Grisi (1821-71), s’est aussi fait un nom au théâtre : elle dansait et chantait à la fois, et créa le ballet de Giselle à l’Opéra.

GROTE (Georges), historien anglais d’origine allemande, né à Clayhill (comté de Kent) en 1794, mort en 1871. Il fut employé dans la banque de son père, tout en s’occupant d’études sur l’histoire de la Grèce. Après avoir représenté la ville de Londres de 1832 à 1841, il renonça à la politique pour consacrer tout son temps à son Histoire générale de la Grèce, qui, commencée en 1828, ne fut achevée qu’en 1850 : cet ouvrage, d’une érudition profonde, mais un peu indigeste, lui a valu le titre de membre correspondant de l’Académie des inscriptions ; il a été traduit en français par M. de Sadous (1884- 67), 19 vol. in-8.

GUÉRIN DU CAYLA (G.-Maurice de), littérateur français, né près d’Albi en 18l0, mort en 1839, subit fortement l’influence mélancolique de René et d’Oberman, se retira quelque temps à la Chesnaye, en Bretagne, auprès de Larnenna1s (1833), et mourut, laissant quelques pages distinguées qui lui ont fait un nom posthume parmi un public d’élite : Journal, lettres et poëmes, publiés par M. Trébutien (1855). — Le même éditeur a donné (1862) un Journal et des Lettres de sa sœur, Eugénie de Guérin (1805-1848), dont la vie a été tout entière remplie par la piété et par son affection pour son frère, et dont les fragments se recommandent par l’élévation des pensées et la délicatesse de l’expression.

GUERRAZZI (Fr.-Dominique), littérateur et h. politique italien, né à Livourne en 1805, m. en 1873 ; exerça avec éclat la profession d’avocat ; débuta dans la carrière littéraire par des tragédies et quelques poésies inspirées de L. Byron, publia plusieurs romans (la Bataille de Bénévent, le Siége de Florence, Isabelle Orsini) ; prit part à diverses conspirations pour la cause de la république et de l’unité italienne, et fut plusieurs fois condamné à la prison ; fut un instant (oct. 1849) imposé comme ministre au grand-duc de Toscane Léopold II, devint bientôt dictateur, après la fuite de ce prince, fut renversé par la contre-révolution de 1849 et condamné à un bannissement perpétuel ; se retira à Bastia, où il écrivit son roman de Beatrice Cenci ; devint en 1860 membre du parlement italien, et fit partie de toutes les législatures, excepté de la dernière. Guerrazzi est l’écrivain moderne le plus populaire en Italie, après Manzoni. D’une nature violente et emportée, il a été, en politique, plutôt un agitateur qu’un homme d’État.

GUICCIOLI (Florence Teresa, comtesse), née à Paris en 1799 m. en 1873 ; doit une certaine célébrité à ses relations avec lord Byron, sur le génie duquel elle exerça, dit-on, quelque influence. Elle épousa en 1851 le marquis de Boissy.

GUIZOT (François-Pierre-Guillaume), homme d’État et écrivain français, né à Nîmes en 1787 d’une famille protestante. Son père, avocat distingué, ayant péri sur l’échafaud révolutionnaire en 1794, sa mère le conduisit à Genève, où il fit ses études. Venu à Paris en 1805, pour faire son droit, il s’occupa de littérature, et publia en 1809 un nouveau Dictionnaire des Synonymes français. En 1812, il épousa Mlle Pauline Meulan (voyez dans le Dictionnaire l’art. Mme Guizot), qui le seconda dans quelques-uns de ses travaux, par exemple les Vies des poëles français du siècle de Louis XIV (1813), la traduction de l’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain de Gibbon (1812 et suiv.). Il la perdit en 1827, et épousa l’année suivante Mlle Elisa Dillon, qu’il perdit en 1833, et dont il avait eu une fille (Mme Cornélis de Witt) et un fils (M. Guillaume Guizot). Il devint en 1813 suppléant, puis titulaire de la chaire d’histoire moderne à la Sorbonne, et, à la chute du premier Empire, entra dans la vie politique comme secrétaire général du ministre de l’intérieur, l’abbé de Montesquiou, et comme membre du Comité de censure ; suivit Louis XVIII à Gand pendant les Cent jours ; se posa sous la seconde Restauration comme royaliste constitutionnel, et fut, avec M. Royer-Collard, l’un des principaux représentants de l’école doctrinaire. Il publia diverses brochures politiques (du Gouvernement représentatif, 1816 ; des Moyens de gouvernement et d’opposition dans l’état actuel de la France, 1821 ; de la Peine de mort en matière politique, 1822, etc.) Après a voir été, sous les ministres Barbès-Marbois et Decazes, secrétaire général du ministère de la justice, maître des requêtes, conseiller d’État, directeur général de l’administration départementale et communale, il perdit ses places politiques au moment de la réaction qui suivit l’assassinat du duc de Berri (ministère de Villèle, décembre 1821), et remonta dans sa chaire de la Sorbonne ; le libéralisme d’opinions qu’il professait, et dont témoigne la reproduction d’une partie de ses leçons faite sous le titre d’Histoire du gouvernement représentatif, 1822, fit fermer son cours en 1825. Le ministère Martignac rendit à M. Guizot sa place au conseil d’État à côté de MM. Villemain et Cousin. C’est alors qu’il publia ses plus importants travaux historiques et littéraires : Édition des Œuvres de Rollin, 1821 ; révision de la Traduction de Shakespeare de Letourneur , 1821 ; Essai sur l'histoire de France, 1823 ; Collection des Mémoires relatifs à la révolution d’Angleterre, 26 vol. in-8, 1823 et suiv. ; Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, 31 vol. in-8, 1823 et suiv. ; Histoire de la Révolution d’Angleterre depuis Charles Ier jusqu’à Charles II, 2 vol. in-8, 1827 ; Histoire de la Civilisation en Europe et de la Civilisation en France, 5 vol. in-8, 1828-1830. En même temps il collaborait à divers recueils (le Globe, etc.), dirigeait l’Encyclopédie progressive et fondait la Revue française (1828). Envoyé en janvier 1830 à la Chambre des députés par les électeurs de Lisieux, qui depuis lui renouvelèrent leur mandat, M. Guizot combattit vivement le ministère Polignac ; signa l’adresse des 221 ; rédigea, le 27 juillet, la protestation des députés contre les Ordonnances, et, le lendemain, la proclamation par laquelle la Chambre appelait le duc d’Orléans à la lieutenance générale du royaume ; devint ministre de l’intérieur dans le premier cabinet formé par le roi Louis-Philippe ; s’efforça, d’accord avec le duc de Broglie et le comte Molé, de faire prévaloir la politique du parti constitutionnel ou du juste-milieu contre le parti légitimiste et le parti républicain ou démocratique ; essaya vainement de satisfaire la gauche par des pro-