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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/490

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Il a publié dans la dernière année de sa vie le Droit public et l’Europe moderne (2 vol. in-8, 1875). – Un de ses frères, le baron Ch. de L., né en 1826, est mort sous l’Empire préfet de la Haute-Garonne.

LAMARTINE (Alphonse PRAT de), poëte et h. politique, né à Mâcon en 1790, m. en 1869. Il était fils d’un officier et servit lui-même (1814) dans les gardes du corps ; il publia en 1820 les Méditations poétiques, ouvrage qui eut un immense succès par le contraste qu’il offrait avec la poésie de l’Empire ; donna ensuite les Nouvelles Méditations (1823), la Mort de Socrate, le Dernier Chant de Child-Harold (1824), le Chant du Sacre (1825), les Harmonies poétiques et religieuses (1829), et fut élu membre de l’Académie française (1829). Dans l’intervalle, Lamartine était entré dans la diplomatie (1821), et, la même année, étant attaché à la légation de Naples, avait épousé une jeune et riche Anglaise, était devenu secrétaire d’ambassade à Londres, puis chargé d’affaires en Toscane enfin (1830) ministre plénipotentiaire en Grèce. Il donna sa démission à l’avènement du roi Louis-Philippe, et entreprit en 1832 un voyage en Orient qu’il fit avec une magnificence princière, mais dans lequel il porta des atteintes irréparables à sa fortune, et où à eut la douleur de perdre sa fille ; il en rapporta un remarquable ouvrage en prose : le Voyage en Orient (1835). Il publia la même année le poëme de Jocelyn, qui mit le comble à sa réputation ; la Chute d’un Ange (1838), les Recueillements poétiques (1839). Depuis plusieurs années déjà, sa pensée était tournée vers la politique : après deux tentatives infructueuses, à Toulon et à Dunkerque, pour obtenir la députation (1831), il fut envoyé à la Chambre par les électeurs de Bergues (1834), et de 1839 à 1848 y représenta Mâcon, sa ville natale. Il traita surtout à la tribune les questions générales, et s’y fit une réputation d’orateur presque égale à sa réputation de poète ; se tint pendant longtemps à l’écart des partis, mais, dans les dernières années du règne de L.-Philippe, s’éloigna de plus en plus de la politique officielle, et, en 1847, publia l’Histoire des Girondins, ouvrage qui n’avait pas tout le sérieux de l’histoire, mais qui, grâce à des qualités brillantes, eut un immense retentissement, et prépara les esprits, à l’avènement de la République. Il contribua, plus que tout autre, aux résolutions prises, le 24 février 1848, dans la tumultueuse séance de la Chambre des députés, où fut proclamé un gouvernement provisoire ; fut lui-même un des membres de ce gouvernement, où il tint le portefeuille des affaires étrangères et joua d’ailleurs un rôle prépondérant ; devint pour toute la partie modérée du pays le principal garant des principes d’ordre et de conservation, et déploya pour leur défense beaucoup d’éloquence, de courage et d’énergie ; assura la paix à l’extérieur par un brillant Manifeste, qui témoignait des intentions pacifiques du nouveau gouvernement ; fut élu à l’Assemblée constituante par dix départements (4 mai), et nommé un des cinq membres de la commission exécutive (10 mai) ; redevint simple représentant après les journées de Juin, qui portèrent au pouvoir le gén. Cavaignac ; fit partie de la Législative (1849), et, après le coup d’État du 2 décembre 1851, rentra dans la vie privée où il resta jusqu’à sa mort. Ses dernières années furent attristées par l’oubli qu’il voyait succéder pour lui à une éclatante popularité, troublées par de cruelles préoccupations de fortune, et remplies par des publications historiques et littéraires un peu hâtives, dont la plupart n’ajoutèrent rien à sa réputation : Trois mois au Pouvoir (1848) ; Hist. de la révolution de 1848 (1849) ; Raphaël (1849) ; le Conseiller du Peuple, journal (1849-50) ; Confidences et Nouvelles Confidences (1849-51) ; Toussaint-Louverture, drame (1850) ; le Civilisateur (1851) ; Geneviève ; le Tailleur de Saint-Point (1851) ; Graziella (1852) ; Hist. de la Restauration (1851-63) ; Nouveau Voyage en Orient (1853) ; Hist. de la Turquie (1854) ; Hist. de la Russie (1855) ; Cours familier de littérature (1856 et suiv.). – Plusieurs éditions de ses Œuvres complètes ont été publiées en divers formats.

LANFREY (Pierre), littérateur français, né à Chambéry en 1828, m. en 1877 ; s’est fait d’abord un nom par diverses œuvres de polémique philosophique et politique : l’Église et les philosophes au XVIIIe siècle (1867) ; Essai sur la révolution française (1858), etc. Son ouvrage le plus important est l’Histoire de Napoléon Ier (1867, et suiv.), où il s’attache à détruire la légende impériale et la remplace par une appréciation des plus sévères du premier Empire. En 1871, il fut représentant du Rhône, puis devint ministre plénipotentiaire en Suisse, enfin sénateur.

LEBRUN (Pierre-Antoine), poëte français, né à Paris en 1785, m. en 1813 ; attira l’attention de l’Empereur par une Ode à la Grande-Armée, qui lui valut une pension de 1200 fr., et la recette du Havre ; perdit l’une et l’autre à la Restauration pour un Poëme sur la mort de l’Empereur ; se consacra dès lors tout entier aux lettres ; donna au théâtre plusieurs pièces, dont une, Marie Stuart, obtint un grand succès, grâce à une imitation discrète de Schiller et à quelques concessions faites au goût de l’école romantique (1820) ; publia un Voyage en Grèce, qui fut fort goûté (828), et entra, la même année, à l’Académie française ; fut de 1830 à 1848, directeur de l’Imprimerie royale, pair de France sous Louis-Philippe, et sénateur sous Napoléon III. On a réuni ses Œuvres, 5 vol. in-8 (1844-63).

LECLERC (Joseph-Victor), érudit français, né à Paris en 1789, m. en 1865 ; fut successivement professeur de rhétorique au lycée Charlemagne, maître de conférences à l'École normale, professeur d’éloquence latine à la Faculté des lettres de Paris, doyen de cette Faculté (1832-65), et membre de l’Institut (Acad. des inscriptions et belles-lettres, 1834). On lui doit une édition annotée de Montaigne (1826), la traduction des Œuvres de Cicéron (1821-25, 30 vol. in-8), de savants mémoires, comme les Journaux chez les Romains (1838), le Discours sur l’état des lettres en France au XIVe s. (1865), et de nombreux articles dans l’Histoire littéraire de la France, de l’Acad. des inscriptions.

LEDRU-ROLLIN (Alexandre-Auguste Ledru, dit), jurisconsulte et homme politique français, né à Paris en 1808, était fils d’un médecin distingué et petit-fils du physicien Ledru (voyez le Dictionnaire). Avocat à Paris, il prit le nom de Ledru-Rollin, pour se distinguer d’un de ses confrères ; dirigea, de 1837 à 1847, le Journal du Palais (17 vol. in-8), donna une nouvelle édition des 46 années précédentes de ce recueil (1791-1836, 27 vol. in-8), publia, sous le titre de Jurisprudence française ou Répertoire du Journal du Palais (1843-48, 8 vol. in-4), une table méthodique qui exposait à la fois la jurisprudence française et son histoire, et compléta ces vastes collections par une autre en 9 vol. in-8 : la Jurisprudence administrative en matière contentieuse de 1789 à 1831 (1844-46). – il se signala de bonne heure par des opinions très-avancées, rédigea, après l’insurrection de juin 1832, une consultation contre l’état de siége, publia en 1834 un pamphlet sur les événements de la rue Transnonain, et devint le défenseur attitré de la plupart des accusés pour délits de presse, pour délits ou crimes politiques (Caussidière, Lavaux et Dupoty dans l’affaire Meunier et Quénisset, etc.). Il fut nommé député de la Sarthe en 1841, après avoir fait une profession de foi ouvertement républicaine, et pendant les sept dernières années de la royauté de Juillet, fut l’orateur de l’extrême gauche. Il fonda, en 18ii5, le journal la Réforme, qui professait des opinions socialistes et préparait l’avènement du suffrage universel. En février 1848, il fut membre du Gouvernement provisoire avec le portefeuille de l’intérieur,