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AVERTISSEMENT

SUR LA NEUVIÈME ÉDITION.

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Le succès de ce livre a dépassé nos espérances : honoré dès son apparition des encouragements du Gouvernement, apprécié de la manière la plus favorable par les organes de la presse les plus accrédités, il a été bientôt autorisé par le Conseil de l’instruction publique pour l'usage des écoles de tous les degrés, lycées, collèges, écoles normales primaires, écoles supérieures ([1]) ; en même temps, un Ministre que tout le monde reconnaît pour l’appréciateur le plus compétent de ce qui peut contribuer au progrès des bonnes études, M. Villemain, jugeant cet ouvrage digne d'une recommandation particulière, invitait itérativement les proviseurs des lycées à le placer dans les salles d'études, et à le mettre surtout à la disposition des élèves des hautes classes, « qui peuvent, disait-il, y trouver de précieuses ressources pour l’intelligence des sujets qu'ils ont traiter ([2]). »

Une autre sanction était nécessaire pour un ouvrage qui, comprenant l'histoire abrégée de la Religion et des institutions religieuses, de tous les cultes, de toutes les sectes, donnant la biographie des hérésiarques, des schismatiques, aussi bien que celle des Pères de l'Église, des saints et des martyrs, touche au dogme par une foule de points et soulève à chaque pas des questions épineuses : cette sanction ne nous a pas manqué. Après une révision sévère, exécutée de concert avec un savant ecclésiastique, M. l'abbé De la Couture, qui a déployé dans cette pénible tâche autant d'érudition et de discernement que de persévérance, le Dictionnaire universel a été approuvé par Mgr l'archevêque de Paris dans des termes qui ajoutent encore au prix d'un tel suffrage ([3]). Bien plus, ce livre ayant été l'objet d'attaques aussi injustes que passionnées, le vénérable prélat a pris ouvertement notre défense dans un Mandement mémorable, donnant ainsi une nouvelle consécration à l'approbation dont il nous avait précédemment honoré ([4]).

Enfin le public, juge en dernier ressort des ouvrages qui lui sont destinés, a prononcé à son tour : l'accueil qu'il a fait au Dictionnaire universel a été tellement empressé que huit éditions ont été épuisées en huit années. Peu de mois se sont écoulés depuis l'apparition de la 8e édition, et déjà il est devenu nécessaire d'en publier une nouvelle.

L'auteur n'a pas tardé à participer lui-même à la faveur dont ce livre était l'objet. Élevé au grade d'officier de la Légion d'honneur par un Ministre qui voulait en même temps encourager un travail utile et récompenser des services administratifs ([5]), il a bientôt appris avec la plus agréable surprise que ses modestes travaux avaient été aussi remarqués à l'étranger, et que l'ordre si distingué de Charles III d'Espagne venait de lui être conféré ([6]) ; toutefois il ne pouvait lui échapper qu'il devait une telle distinction moins à son mérite d'auteur qu'à l'affectueux souvenir d'un prince qu'il avait, comme professeur au collège Henri IV, compté parmi ses auditeurs les plus assidus, et qui, devenu roi, a su prouver qu'en montant sur un trône on ne perd pas la mémoire du cœur.

En même temps, plusieurs corps savants, l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen, l’Institut historique et géographique du Brésil, l’Institut national pour l’avancement de la science des États-Unis, siégeant à Washington, daignaient nous admettre dans leur sein. Qu'il nous soit permis de renouveler ici publiquement l'expression de notre profonde reconnaissance pour des honneurs que nous n'eussions pu solliciter sans présomption, et qui ont d'autant plus de prix à nos yeux qu'ils nous ont été décernés spontanément.

Nous avons redoublé d'efforts pour justifier tant de bienveillance. Le Dictionnaire universel a été soumis encore une fois à une révision approfondie : plusieurs omissions ont été réparées ; l'histoire de chaque pays a été conduite jusqu'à nos jours ; nous avons surtout opéré de nombreuses rectifications, dont plusieurs, nous nous faisons un devoir de le déclarer, sont dues aux précieuses communications de lecteurs amis. Nous avons lieu de penser qu'à la faveur de ces améliorations, notre ouvrage atteindra bientôt cette entière exactitude qui permet à un livre de faire autorité.

Un nouveau Supplément termine le volume. Nous nous flattons que cet appendice, qui peut se joindre à toutes les éditions publiées jusqu'ici, ajoutera à l'intérêt de l'ouvrage principal : nous y consignons, soit pour l'histoire, soit pour la géographie, les changements de quelque importance qui se sont accomplis le plus récemment ; nous y donnons place à toutes les célébrités qui ont disparu de la scène du monde depuis la première impression du Dictionnaire universel ( 1842), et dont la plupart ont joué un rôle aux grandes époques de la République, du Consulat et de l'Empire, ou dans les temps les plus rapprochés, sous la Restauration, sous la Monarchie de Juillet, ou même depuis la République de 1848.

Au moyen de ce Supplément, et par l'effet du soin que nous avons pris de recueillir les faits à mesure qu'ils s'accomplissaient, ce Dictionnaire a pu, comme un registre sans cesse à jour, se tenir constamment au courant des événements, et échapper ainsi au défaut le plus ordinaire des ouvrages de ce genre qui, à peine terminés, sont déjà vieillis.

Paris, ce 1er juillet 1851.
  1. (1) Voyez en regard du titre du Dictionnaire le texte de cette autorisation.
  2. (2 Voyez au même lieu les deux circulaires du Ministre.
  3. (3) Voyez aussi en regard du titre le texte de l'approbation ecclésiastique.
  4. (4) Mandement de Mgr l'archevêque de Paris du 24 août 1850.
  5. (5) Ordonnance royale du 7 décembre 1846.
  6. (6) Ordonnance royale du 27 octobre 1847.