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QUESTIONS DE MORALE PRATIQUE

joies, sur la balance desquelles nous évitons de nous prononcer, et en restant enfermé dans la sphère inférieure de la sensibilité, nous croyons que l’avantage demeure au plaisir et que, en général, les petits plaisirs en particulier offrent; un excédent dont il est injuste de ne pas tenir compte dans une comparaison totale des biens et des maux de la vie. L’attention plus grande que nous sommes naturellement portés à donner aux maux ne change rien d’ailleurs à leur vrai rapport avec les biens, et ne suffit pas à neutraliser les petits plaisirs, plus continus et plus nombreux. Dira-t-on que cet excédent, s’il existe, est de nulle valeur, qu’on peut le négliger puisqu’il se compose de plaisirs que nous goûtons en quelque sorte à notre insu, ou qui ne font pas sur nous une impression appréciable? Nous avons déjà répondu en montrant que, par leur ensemble et leur suite, ils rachètent cette extrême petitesse qui est le propre de chacun en particulier, et forment des composés qui ont leur place parmi les grands biens de la vie, tels que le plaisir de l’existence, le plaisir de la santé,