devra, pour la plus grande part, aux emprunts que je vais faire, soit à des moralistes profanes, soit à des orateurs de la chaire les plus versés dans la connaissance du cœur humain. Il en est deux surtout que nous consulterons, Bourdaloue et Sterne. Peut-être quelques-uns s’étonneront-ils que nous placions à côté l’un de l’autre un des plus graves orateurs de la chaire et l’auteur de Tristram Shandy. Mais dans le plus humoriste des écrivains anglais, et parfois le moins sérieux, du moins en apparence, il y a un fin et pénétrant moraliste. D’ailleurs Sterne a rempli des fonctions ecclésiastiques dans l’Église d’Angleterre ; il a composé des sermons qu’il a publiés sous le titre peu respectueux, ce dont il fut blâmé, d’Yorick, le bouffon de la tragédie d’Hamlet.
Dans Tristram Shandy, cet ouvrage si étincelant de verve, d’esprit, de folie, et aussi de bon sens, il a imaginé, au milieu de tant d’autres digressions, toutes plus inattendues les unes que les autres, de glisser un de ses sermons où il se rencontre précisément avec Bourdaloue sur ce même sujet de la fausse