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Page:Bouillier - Questions de morale pratique.djvu/35

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de la fausse conscience

y a des malhonnêtetés d’état. Les mauvaises actions que la conscience réprouve sont celles, prenons-y garde, qui ne nous concernent pas, ou qui ne sont conformes ni à nos inclinations ni à nos habitudes. Quant aux autres, elle s’efforce de les colorer de prétextes spécieux et de les parer de fleurs.

Ainsi, malgré ce moniteur que Dieu a placé au dedans de chacun de nous, il nous arrive de nous tromper nous-mêmes, faute de lui prêter l’oreille, ou parce que nous nous appliquons à le faire parler comme il nous plaît. Voilà pourquoi nous ne pouvons nous fier à notre conscience, même quand elle ne nous reproche rien, si nous avons négligé de veiller sur elle, et aussi de la contrôler par la loi de Dieu, par les enseignements de la religion et de la morale absolue. Plût à Dieu qu’il fut toujours vrai, comme on le lit dans un grand nombre de livres de morale, et suivant la thèse en quelque sorte classique des moralistes, que le remords, à défaut de tout autre châtiment, suivit toujours le crime comme son ombre ! Mais il faut convenir, avec Sterne, que dans