Page:Boukay - Chansons rouges, Flammarion.djvu/231

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Ainsi m’ont faite, ô Seigneur, tes chrétiens.
Voici mes pieds plus meurtris que les tiens ;

Voici mon cœur où s’appuyait ta tête ;
Voici mon corps flétri par ta conquête.

        Seigneur, ne reconnais-tu pas
        Celle qui fut la Madeleine ?
        Depuis deux mille ans que je peine,
                Mon cœur est las.

III

Que n’allais-tu dans mes cloîtres fermés ? —
On n’y reçoit que des corps bien famés ! —

Que n’allais-tu prier dans mes églises ? —
Par les grandeurs toutes places sont prises ! —

Que faisais-tu dans les bras des bourgeois ? —
Mes bras faisaient le geste de ta croix. —

Il fallait faire acte de repentance. —
Aux pauvres gens tout acte est pénitence !

        Seigneur, ne reconnais-tu pas
        Celle qui fut la Madeleine ?
        Depuis deux mille ans que je peine.
                Mon cœur est las.