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LA CITÉ ROUGE


Pour avoir chaud, l’on s’y saoule,
Pour avoir frais, l’on s’y roule
Sur le pavé qui s’écroule.
L’air pur manque à la Cité.

III

Au matin, l’homme travaille
À gagner, vaille que vaille,
De quoi dormir sur la paille :
C’est le lit de la Cité.
Un seul lit pour la famille,
Père, mère, fils et fille,
L’inceste croît et fourmille :
C’est le lit de la Cité.

IV

À dix ans, le gamin trime ;
À quinze ans, c’est pour la frime ;
À vingt ans, c’est pour le crime.
Le sang coule en la Cité.
La Cité c’est la matrice,
À peine génératrice
Qu’elle est déjà corruptrice.
Le sang coule en la Cité.