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Lénine des exactions des amis de Staline en Géorgie, ce qui amène la rupture personnelle entre Lénine et Staline[1]. En 1923, Boukharine publie « La Révolution prolétarienne et la culture », presque en même temps que Trotsky son Littérature et Révolution. Il s’ensuit un important débat sur la culture prolétarienne. Mais 1923 est également l’année ou, à propos de l’accumulation primitive socialiste qui met en cause la direction de l’économie russe, il ouvre une discussion fondamentale avec Préobrajensky d’abord, puis Trotsky ensuite. Son analyse le conduit à devenir le Guizot de la « néo-NEP », à devenir le porte-parole des koulaks à l’intérieur du parti bolchevique[2] puis le théoricien du courant ultra-droitier de ce bloc Staline-Boukharine qui nous vaudra la deuxième période d’erreurs du Komintern, en Angleterre comme en Chine.

En 1928 Staline défait l’opposition de droite et partant, son chef Boukharine : il le liquide politiquement en 1929, physiquement par le dernier grand Procès de Moscou en 1938, qui clôt la période de l’ « Ejovtchina ».

Ce discours est le tombeau d’un disciple intelligent, d’un penseur original et autonome, à son maître. Lénine l’avait jugé tel : dans sa lettre datée du 25 décembre 1922 — le soi-disant testament — il écrivait : « … Boukharine est non seulement le plus valeureux et le plus éminent théoricien du parti, mais il peut être considéré légitimement comme l’enfant chéri de tout le parti ; mais — ajoutait-il — ses vues théoriques peuvent seulement, avec le plus grand doute, être taxées de pleinement marxistes car il y a quelque chose de scholastique en lui (il n’a jamais appris et je pense qu’il n’a jamais complètement compris, la dialectique) ».

Sans Lénine, cette « boussole », cette vie d’un héros bolchevique commencée dans la pureté et la considération de tous ses camarades s’achèvera dans la tragédie des reniements sans principe. Il est bon, avec cette brochure, de revenir aux vraies sources du léninisme.

Joh. KNIEF.
  1. Voir la lettre de Lénine dans le post-scriptum du « Testament ».
  2. Dans son célèbre discours du 17 avril 1 925 : « Aux paysans…, nous devons dire : enrichissez-vous, développez vos fermes et ne craignez pas que la contrainte s’exerce sur vous. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous devons développer la ferme aisée pour aider les paysans pauvres et moyens. » Voir : Le point de vue de Boukharine, dans Broué, op. cité, p. 214-16.