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RIMES FLEURIES

N’est-il pas malheureux là-bas ? A-t-il écrit ? »
Et va-t-elle pour moi prier la bonne Vierge ?
Elle m’avait promis de lui brûler un cierge.

Ah ! je la vois encore, à l’ombre de l’ormeau,
Causer en tricotant des choses du hameau,
Se moquer des travers de sa grosse voisine,
Qui se bat, deux jours l’un, avec sa sœur Ursine.
Le bonheur d’autrefois, l’amour, tout mon passé
Est au fond de mon cœur vivement retracé :
Je sens encor ta main qui dans la mienne tremble ;
Je vois le doux tapis de mousse, au pied du tremble,
Où, les yeux enivrés, rougissante d’émoi,
Le cœur trop plein d’amour, tu te donnas à moi !
Je suis le tien depuis, ma douce fiancée !
Je t’aime de tout cœur, toi seule as ma pensée ;
Je t’aime autant qu’au jour de nos premiers aveux.
Fidèle, j’ai gardé ta boucle de cheveux,
Cher souvenir qui fait que jamais je n’oublie,
Et que souvent je baise avec mélancolie !

Demande, chaque soir, à Sainte-Anne-d’Auray
De bientôt nous unir par monsieur le curé.
Comme nous danserons le long des bois en pente,
Là-bas, au fond du val où la Vauviz serpente !
Avec tes mille écus et les deux champs que j’ai,
Nous vivrons très heureux, quand j’aurai mon congé.