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fait prisonnier à kerguélénen

Kervel est traître, n’ayez en lui aucune confiance.

La Fontenelle s’en défiait bien, mais il l’avait mis à la tête de son avant-garde, tout en le surveillant : il l’avait entouré de vieux ligueurs éprouvés, et s’il gardait le lieutenant c’est que Kervel, homme farouche, était un épouvantail pour les populations, et son intérêt le maintenait du parti de la ligue.

Kervel me craint, disait Guy Eder, il n’ignore pas que mon poignard saurait l’atteindre en cas de trahison, n’importe où… bah le destin est là, j’irai quand même… ses idées de prédestination ne le quittèrent jamais, on le verra jusqu’aux derniers jours de sa vie.

Kervel est prévenu de se rendre au fort, pour recevoir des instructions. Ménagez-moi, lui dit le chef, une entrevue avec votre ancienne connaissance Du Clou, faites adroitement, j’ai besoin de lui… usez de promesses d’argent, il ne résistera pas à ce nerf de la guerre.

Ce fut une affaire entendue, et Kervel s’introduisit à la nuit à Kerguélénen… Comment remplit-il sa mission, ce fut un secret : et les actes de vénalité étaient si communs à cette époque que rien ne doit étonner, l’intérêt étant le seul guide, quand il y a plusieurs partis en présence.

Le lendemain Kervel revenait au fort avec une lettre ainsi conçue :

Monseigneur et ami, Baron de
La Fontenelle,

« C’est avec plaisir que je vous donne des nouvelles de nos conventions avec les compagnies de Quimper ; j’en ai grâce à Dieu de bonnes à vous donner. Tous nos amis de la baie ont fini par décider un coup de main, je n’ai plus qu’à