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Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/66

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de l’île de sein

tend votre Ave, maris stella, malgré le vent qui siffle et les flots qui mugissent à quelques pas de vous.

J’assistais une fois à la procession du Sacre. On part de l’église, en file indienne, dans des rues de un mètre de large, la foule est recueillie. Pour reposoir, il y a deux madriers provenant d’épaves, et le laissant voir, car ils sont bertachés ; quelques linges bien blancs les recouvrent. Mettre des vases de fleurs ? ils ne tiendraient pas debout, et où pourrait-on trouver de la mousse et des branchages de verdure ? Le vicaire aidait le bon curé Copy, ancien sergent-major, à soutenir l’ostensoir que le vent ne respectait pas.

La population, agenouillée partout où elle pouvait trouver place, reçut la bénédiction avec la foi la plus complète ; le soleil était ardent, malgré une brise de mer très accentuée. Quoi de plus solennel ! Quel beau tableau ! Une foule à genoux sur une langue de terre couverte de rochers gris, des deux côtés la grande mer et sa voix grondante, quelques navires au large. Autrefois, à la tête de la procession, souvent marchaient quelques jeunes hommes et des salves de coups de fusil saluaient le Saint-Sacrement.

C’est ainsi que Mgr Lamarche fit son entrée au mois d’août 1890 ; une dizaine de fusils brûlaient des cartouches en son honneur. Monseigneur, accom-