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légendes

prit en croupe sur son cheval, et suivi de ses officiers se dirigea vers les portes de la cité. Au moment où il les franchissait, un long mugissement retentit derrière lui, il se retourna et poussa un cri. À la place de la ville d’Is, s’étendait une baie immense sur laquelle se reflétait la lueur des étoiles. Les vagues arrivaient sur lui frémissantes, allaient l’atteindre, et le renverser malgré le galop de ses chevaux, lorsqu’une voix éclatante retentit :

« Gradlon, Gradlon, si tu ne veux périr, débarrasse-toi du démon que tu portes derrière toi. »

Ha Guenole enn neur grena
Ha gri : « Gralon, toll an diaoul-ze
Divar daillar da hin kane.
 »

« La fille de Gradlon terrifiée sentit ses forces l’abandonner. Un voile s’étendit sur ses yeux. Ses mains qui serraient convulsivement la poitrine de son père, se glacèrent et retombèrent, elle roula dans les flots.

« De là Poul-Dahut, ou Pouldavid…

« À peine l’eurent-ils engloutie, qu’ils s’arrêtèrent. Quant au roi, il arriva sain et sauf à Quimper, se fixa dans cette ville qui devint la capitale de la Cornouaille. »

J’ai donné la légende française. Après de longues recherches, j’ai pu me procurer un vieux récit breton :