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de l’île de sein

s’entonne avec ensemble au son des cloches. Ils sont surpris quand, sur le Continent, ils assistent à ces cérémonies, et ne comprennent pas que le lutrin seul note ce chant des grands jours.

C’est de la joie pour les vivants, mais ils n’oublient pas leurs morts. Nul ne sortira de l’église ou n’y rentrera sans une prière sur les tombes qui l’entourent : il faut jeter un peu d’eau bénite sur la tombe de ce parent, de cet allié à la famille. Du reste, le culte des morts est bien ancré dans ces populations si simples de cœur.

Il existe une vieille coutume que l’on retrouve aussi dans le pays des montagnes d’Arrhée. Le soir des morts, plusieurs personnes se réunissent, le nombre en est déterminé ; elles se rendent au cimetière à la nuit, et après quelques prières pour tous, vont à la porte des maisons qui ont eu à déplorer la perte de parents ou d’amis. La nuit est sombre, on s’approche de l’huis qui est fermé ; on tinte une clochette et l’on attend. Du dehors, on commence une prière, et de l’intérieur on donne réponse ; l’on s’en va à une autre porte et ainsi de suite : Priez Dieu pour les trépassés ! Ah ! c’est alors qu’ils pensent à ces pauvres disparus dans les eaux profondes, dans les mers lointaines ; c’est un mari, un frère, un parent, un fiancé peut être. Ah ! si du moins leurs corps étaient là, reposant dans ce petit cimetière, dont la terre a été bénie par