Page:Boulay-Paty - L’Arc de triomphe de l’Étoile, Bourgogne et Martinet.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11

Reprenait son vol vers les cieux,
Au loin se retirait cette foule innombrable,
Pareille au reflux de la mer ;
Chacun emportait, libre et fier,
L’éternel souvenir de ce jour mémorable ;
L’honneur du nom Français par tous était vanté ;
Tous ils s’en retournaient, ainsi qu’au temps antique,
Ayant au fond du cœur l’hymne patriotique
Que le poëte avait chanté……

Dans l’espace muet quand la nuit fut venue,
Quand tout Paris au loin dormit profondément,
Il se fit une fête, aux vivants inconnue,
Autrement belle encore, autour du monument.
Tous les morts des vieilles phalanges
Arrivaient, fantômes étranges,
Par escadrons, par bataillons ;
Pressés, jaunis comme en automne
Les feuilles qu’un vent monotone
Mêle à la poudre des sillons.

Perçant de tous côtés les nuages nocturnes,
De l’Ouest et du Nord, de l’Est et du Midi,
Ils venaient, ils venaient, régiments taciturnes,
Tête haute, corps droit, bras sur l’arme roidi ;