Page:Boulenger – Au Pays de Sylvie, 1904.djvu/262

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dre, d’attendre, toujours d’attendre !

Sans doute, on me recherche, on me fête ; sans doute, on m’attire à Paris, on m’y aura vue à l’Opéra, au bal… mais que le comédien chante, ou que l’on touche seulement un clavecin, et voici mon esprit qui s’échappe vers les forêts vierges ou les déserts immenses… Avoir un époux qui est on ne sait où, en danger de mort peut-être, et dont on ignore tout depuis plus d’un an ! Me parle-t-on en quelque niaise romance de rossignol ou d’alouette ? Je rêve aussitôt des vautours géants qui, dans le silence des nuits tropicales, effleurent mon Sébaste de leurs grandes ailes. Veut-on m’entretenir de guerres ou de chasses ? Je songe aux hordes tatouées, aux animaux monstrueux ameutés sans doute contre le cher pélerin.