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EXPOSÉ.

die telle qu’elle fut jouée devant la reine Élisabeth à la Noël de 1597, et nouvellement corrigée et augmentée. Or, la Princesse de France s’y trouve appelée plusieurs fois, par inadvertance, Queen, la Reine : évidemment parce que le manuscrit qui a servi à l’impression avait été mal corrigé et que, dans les rédactions antérieures, l’héroïne était ainsi désignée. Cette princesse de France qui était reine dans la première version — et qui apparemment devint princesse par prudence, pour ne point être trop reconnaissable et n’attirer pas sur la pièce les foudres dangereuses de la censure anglaise, alors très redoutable — ne représenterait-elle point Marguerite de Valois, la propre femme du Vert-Galant, comme le Roi de Peines d’amour représente celui-ci[1] ?

Reprenons la pièce. Si la Princesse vient à la cour du Roi, c’est en ambassadrice et pour arranger certaines difficultés qui se sont élevées entre la France et la Navarre à propos de l’Aquitaine. Or, ici, presque tous les commentateurs (sauf M. Israël Gollancz) ont cité, les uns copiant les autres, comme ayant servi de source à Shakespeare, un passage des chroniques de Monstrelet qui se rapporte à certains litiges de l’année 1427, ou environ, au sujet de Nemours, de Cherbourg, d’Évreux, bref, dont pas un mot, mais pas un traître mot n’a rien à voir avec le morceau de Peines d’amour qu’il prétend expliquer. C’est ainsi ; ceux qui

  1. Bien entendu, nous ne prétendons pas que l’auteur de la comédie ait voulu faire des portraits ressemblants, mais seulement qu’il a brodé ses riches fantaisies sur un canevas de souvenirs, de réalités.