Page:Boulenger - L'affaire Shakespeare, 1919.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
l’affaire shakespeare.

les critiques ; et, à vrai dire, il n’est pas aisé de deviner les motifs de M. Fontainas.

Quoi qu’il en soit, je dois avouer qu’en achevant la lecture de son article j’ai bien failli être de son avis : on ne saurait, en effet, rien trouver qui justifie mieux la sévère opinion de M. Fontainas sur la critique que l’étude critique de M. Fontainas lui-même. Son procédé ordinaire consiste à grouper des faits inexacts et à les présenter avec une ironie habile et socratique de manière à réfuter par l’absurde les arguments et les raisonnements qu’il prête à ses adversaires, mais qui ne sont pas ceux de ses adversaires. C’est fort curieux, réellement, comme on va voir. Je ne choisis nullement ; je prends le début de sa discussion :

Il [Shakespeare] est né à Stratford-sur-Avon, ce qui, au sentiment de plusieurs, constitue déjà une infériorité [vous sentez l’ironie ? ] ; ses adversaires l’appellent, d’un ton étrangement dédaigneux, l’homme de Stratford ou le Stratfordien…

On appelle parfois Jeanne d’Arc « la bonne Lorraine », ou même « la Pucelle de Lorraine », pour la commodité de la phrase et sans aucune intention de dédain… Mais continuons :

Aucun document n’a révélé aux intrépides chercheurs quelles pouvaient être les matières qu’on enseignait à l’école de Stratford ni qu’il existât une école à Stratford [les lecteurs du Mercure de France auraient tort de se fier aux renseignements de M. Fontainas, mais on le verra mieux tout à l’heure]. On conçoit l’indignation de M. Abel Lefranc, professeur au Collège de France, quand