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si curieuse connaissance de la cour de Navarre, et les remarques tirées du Songe d’une nuit d’été. M. Lefranc a eu un tort : son tome I a paru au début de décembre 1918, son tome II vers le 15 janvier 1919 seulement, si bien que c’est surtout le premier que les critiques ont eu le temps d’étudier ; or, ces notes, que je goûte, sont dans le second : je n’ai pas de chance.

Nous savons par le témoignage d’un agent secret que William Stanley composait des pièces pour le théâtre avec une telle passion qu’il ne prenait aucun souci des affaires publiques ni de sa propre carrière politique, et M. Beaunier reconnaît que « ce n’est pas rien du tout ». Mais nous savons aussi que Spenser, ami des Derby, rangeait Stanley parmi les mécènes et les écrivains de l’aristocratie contemporaine, et M. Beaunier ne parle pas de cela.

M. Lefranc remarque que la censure ecclésiastique n’a pas condamné les sonnets, bien que fort vifs ; cela l’étonne : cela peut s’expliquer, pense-t-il, parce qu’il « s’agissait d’un scholar appartenant à l’une des plus grandes familles d’Angleterre ». Alors André Beaunier se demande si M. Lefranc plaisante — car André Beaunier n’a jamais entendu dire que la justice puisse être différente selon qu’elle s’adresse aux grands ou aux petits.

Le roi Jacques poursuivait la sorcellerie et l’occultisme avec la dernière rigueur ; il avait même composé de sa main un livre contre la démonologie. Or, la Tempête est une apologie de la magie. Il est surprenant que Shakespeare, tel qu’on nous le représente, c’est-à-dire regardant sa profession comme un