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MERLIN L’ENCHANTEUR

Il la conduisit à un lac qui était grand et agréable, et il lui fit voir sur la rive une tombe de marbre, où l’on lisait en lettres d’or :


Ci gît Faunus, l’ami de Diane. Elle l’aima de grand amour et le fit mourir vilainement. Telle fit la récompense qu’il eut de l’avoir loyalement servie.


— Bel ami, dit Viviane, contez-moi l’histoire.

— Volontiers, dit-il.

« Diane régnait au temps de Virgile, longtemps avant que Jésus-Christ descendit sur cette terre pour sauver les pécheurs, et elle aima sur toutes choses de vivre aux bois. Elle chassa par toutes les forêts de Gaule et de Bretagne, mais n’en trouva aucune qui lui plût autant que celle-ci : aussi y fit-elle bâtir, au bord de ce lac, un manoir où elle venait coucher la nuit après avoir forcé les cerfs et les daims tout le jour.

« Une fois, le fils du roi qui gouvernait ce pays la vit, et, la trouvant si preuse, si vite et si légère, il l’aima. Il était encore damoisel, et beau et franc au point qu’elle lui promit de se donner à lui pourvu qu’il jurât sur les saints de renoncer à son père et à tout au monde pour elle. Faunus fit le serment et ainsi fut-il, durant deux ans, l’ami de Diane. Mais, après ce temps, elle s’éprit d’un autre chevalier qu’elle trouva,