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LA DEMOISELLE AU NAIN


XLIX


Alors le roi Artus donna congé à ses barons, après leur avoir fait de grandes largesses. Puis il revint à Logres où il mena bonne vie durant quelque temps.

Un jour qu’il était à son haut manger avec ses prud’hommes, une demoiselle d’une grande beauté entra dans la salle, qui tenait dans ses bras le nain le plus contrefait qu’on eût jamais vu : car il était maigre et camus, les sourcils roux et recoquillés, les cheveux gros, noirs et emmêlés, la barbe rouge et si longue qu’elle lui tombait jusques aux pieds, les épaules hautes et courbes, une grosse bosse par devant, une autre par derrière, les jambes brèves, l’échine longue et pointue, les mains épaisses et les doigts courts.

— Sire, dit au roi la demoiselle, je viens à vous de bien loin pour réclamer un don.

— Demoiselle, demandez ce qu’il vous plaira : je vous l’octroierai, si ce n’est chose qui aille contre mon honneur et celui de mon royaume.

— Sire, je vous prie et requiers d’armer chevalier ce franc damoisel, mon ami, que je tiens dans mes bras. Il est preux, hardi et de gentil