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MERLIN L’ENCHANTEUR

— Rendez-moi les enfants, dit-il seulement au sénéchal ; je vous jurerai sur les reliques que je les garderai sains et saufs, et que je leur restituerai leur héritage, quand ils seront en âge d’être chevaliers, et aussi le royaume de Benoïc qui doit être leur, puisque j’ai ouï dire que le fils du roi Ban est mort. Il est grand temps que je pense à sauver mon âme. Aussi bien, je n’ai dépouillé leur père que parce qu’il ne voulait me rendre hommage : ses enfants seront mes hommes liges.

Et il fit apporter les saints et jura devant tous ses barons que jamais les fils de Bohor n’auraient nul mal de par lui, mais qu’il leur conserverait leur terre jusqu’à ce qu’ils fussent capables de la tenir. Après quoi il les remit en garde à Pharien et à un neveu de celui-ci, nommé Lambègue. Seulement, peu après, il les fit enfermer tous quatre en la tour de Gannes.


VI


Tel était le roi Claudas. C’était le plus inquiet, le plus secret et le plus retors prince du monde, le moins généreux aussi : jamais il ne fit un cadeau que lorsqu’il n’y avait pas moyen d’agir autrement. Ses façons étaient fières ; il était de