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MERLIN L’ENCHANTEUR

Ils l’enfermèrent dans une forte tour en compagnie de deux femmes, les plus sages qu’on put trouver, pour l’aider le moment venu, et toutes les ouvertures furent murées, sauf une petite fenêtre au sommet, par où elles tiraient au moyen d’une corde ce dont il était besoin. Et c’est là que la demoiselle eut son enfant quand il plut à Dieu.

En le recevant les commères eurent grand’peur parce qu’il était plus velu que jamais nouveau-né n’a été. Et lorsqu’elle le vit ainsi la mère se signa et leur commanda de le descendre sur-le-champ pour qu’il fût baptisé.

— Et quel nom voulez-vous lui donner ?

— Celui de son aïeul maternel.

C’est ainsi qu’il fut appelé Merlin. Après quoi on le rendit à sa mère pour qu’elle le nourrît, car nulle autre femme n’eût osé allaiter un enfant si poilu et qui, à neuf mois, semblait déjà âgé de deux ans.

Or, quand il fut sevré, les deux femmes déclarèrent à sa mère qu’elles ne pouvaient demeurer dans la tour davantage.

— Hélas ! sitôt que vous serez sorties, on fera justice de moi !

— Nous n’en pouvons mais, répondirent-elles.

Sur quoi la mère se mit à pleurer amèrement et à se lamenter.

— Beau fils, disait-elle en prenant son enfant dans ses bras, je recevrai la mort à cause de