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MERLIN L’ENCHANTEUR

la main pour l’achever, lorsque Pharien l’arrêta par le bras :

— Beau neveu, qu’allez-vous faire ? Voulez-vous tuer l’un des meilleurs chevaliers et des plus braves princes de ce temps ?

— Comment, traître que vous êtes, prétendez-vous sauver celui qui vous a jadis honni et qui veut occire les fils de notre seigneur le roi Bohor ? Certes vous n’avez qu’un vieux et mauvais cœur au ventre !

— Taisez-vous, beau neveu, reprit Pharien. Quelque méfait qu’il ait commis, on ne doit poursuivre la mort ou le déshonneur de son seigneur à moins de lui avoir loyalement repris sa foi. À celui-ci j’ai fait hommage, je suis son homme : mon devoir est de le garantir de mort et de toute honte selon mes forces. Je ne cherche que le salut des enfants du roi Bohor, parce qu’ils sont les fils de mon ancien seigneur, et pour l’amour d’eux.

Claudas l’entendait : il se mit à crier, comme celui qui a grand peur pour sa vie :

— Beau doux ami, merci ! Voici mon épée : je vous la rends comme au plus loyal chevalier qui soit. Et je vous livrerai les enfants. Sachez que, les eussé-je même tenus dans ma cité de Bourges, ils n’auraient eu aucun mal de moi.

Ce mot finit la mêlée. Pharien fit retirer les combattants des deux parts et entra dans le palais avec Claudas, qui s°évanouit. Mais ses