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MERLIN L’ENCHANTEUR

venaient chercher les messagers. Dès qu’il les vit, il s’approcha du fils de l’un des plus riches hommes de la ville et le frappa rudement de sa crosse à la jambe. L’enfant se mit à pleurer et à injurier Merlin en l’appelant : né sans père. Aussitôt les messagers s’approchèrent pour l’interroger. Mais, sans leur en laisser le temps, Merlin vint à eux en riant et leur dit :

— Je suis celui que vous quérez et dont vous devez rapporter le sang au roi Vortiger.

— Qui t’a dit cela ? demandèrent les messagers stupéfaits.

— Si vous me jurez que vous ne me ferez aucun mal, j’irai avec vous et je vous dirai pourquoi la tour ne tient pas. Mais, d’abord, je vais vous prouver que je sais bien d’autres choses.

Et il leur conta sans manquer d’un mot comment le roi Vortiger avait voulu bâtir une tour, et comment elle s’écroulait toujours, et ce qu’avaient dit les astronomes, puis comment eux-mêmes avaient été envoyés, et tout le reste, si bien que les messagers pensaient : « Cet enfant nous dit merveilles, et nous aimerions mieux être parjures tous les jours de nos vies et risquer de perdre nos biens, que de le tuer. » Aussi Merlin, qui lisait dans leur pensée, fut prendre congé de sa mère, et partit de bonne grâce avec eux.

Ils chevauchèrent de compagnie jusqu’à ce