honorée de beaux joyaux ? Laissez-moi faire.
Et il commença de porter à la duchesse maints présents magnifiques de par le roi. Mais elle se défendait d’en rien prendre, si bien qu’un jour, il lui dit :
— Dame, ces joyaux que vous refusez sont peu de chose, quand tous les biens du royaume de Logres sont à votre volonté et tous les corps de ses habitants à votre plaisir.
— Comment ? fit-elle.
— Parce que vous avez le cœur de celui à qui tous les autres obéissent.
— De quel cœur parlez-vous ?
— De celui du roi.
Ygerne leva la main et se signa.
— Dieu ! que le roi est traître de faire semblant d’aimer mon seigneur le duc et moi, et cependant de me vouloir honnir ! Garde-toi de me redire de telles paroles ou j’avertirai le duc et il te fera mourir.
— Ce serait mon honneur que de mourir pour mon roi, répondit Ulfin. Dame, pour Dieu, ayez merci du roi et de vous-même, sinon il adviendra grand mal de cela : ni vous ni le duc ne vous pourriez défendre contre sa volonté.
— S’il plaît à Dieu, répliqua Ygerne en pleurant, je n’irai plus jamais en lieu où il me puisse voir.
Ainsi fit-elle, tant qu’elle le put. Mais, le onzième jour après la Pentecôte, le roi prit le