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LES PRINCES REBELLES

vit arriver Merlin, qui se montra à tout le peuple comme celui qui veut être reconnu ; après quoi il se présenta devant les rebelles, ouvert et joyeux à son ordinaire.

Ils lui firent grand accueil et lui demandèrent ce que c’était que ce nouveau roi que l’archevêque prétendait leur imposer.

— Beaux seigneurs, répondit-il, l’archevêque a bien fait. Et sachez qu’il n’est pas fils d’Antor et frère de Keu, mais de plus haute naissance qu’aucun de vous.

— Comment ? Que nous dites-vous ?

— Mandez-le devant vous, ainsi qu’Ulfin et Antor, et vous saurez la vérité.

Étonnés, les barons envoyèrent Bretel muni d’un sauf-conduit, et Artus consentit à venir en compagnie de l’archevêque et d’Antor, non sans avoir passé sous sa cotte un court et léger haubergeon, par précaution.

Quand il entra, les barons se levèrent devant lui parce qu’il était roi sacré, et devant l’archevêque parce qu’il était saint et de bonne vie. Mais, à peine furent-ils assis, l’homme de Dieu commença de les supplier au nom de Notre Seigneur de prendre en pitié la chrétienté et de leur rappeler que, riches ou pauvres, ils n’étaient que des hommes soumis à la mort.

— Sire, firent-ils sans le laisser achever, souffrez un peu que nous écoutions Merlin ; ensuite vous retrouverez bien votre sermon.