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MERLIN L’ENCHANTEUR

Gannes, qui sont en route à cette heure et qui se rendent ici par débonnaireté. Tous deux sont frères et rois en la Petite Bretagne, et ils vous feront hommage volontiers. Quand vous partirez pour Carohaise en Carmélide, emmenez les avec vous, car ils sont prud’hommes et très bons chevaliers.

Dès qu’il apprit que le roi Ban et le roi Bohor approchaient, Artus fit tendre de soieries et de tapisseries et joncher d’herbes et de fleurs les rues de Londres où ils devaient passer, et il ordonna que les demoiselles et les pucelles de la ville allassent en chantant à leur rencontre, tandis que lui-même s’y rendait à grande chevalerie. Puis il donna en leur honneur un beau tournoi, des fêtes ; bref il les reçut aussi magnifiquement qu’il put. Si bien que les rois Ban et Bohor, et leur frère Guinebaut, qui était un très sage et savant clerc, furent contents. Quand il les vit ainsi, Merlin leur demanda d’accompagner Artus en Carmélide, pour le plus grand bien de la couronne de Logres.

— Mais, beau doux ami, lui répondit le roi Ban, si nous laissons nos royaumes, qu’arrivera-t-il ? Nous avons des voisins félons, et il est bien périlleux de quitter ainsi sa propre terre pour aller défendre celle d’autrui.

— Ha, sire, dit Merlin, il est bon de reculer pour sauter loin ! Sachez que pour un denier que vous perdrez ici, vous en gagnerez cent là-bas.