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Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/64

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MERLIN L’ENCHANTEUR

mées, celles qui n’ont jamais trompé leur seigneur. C’est que la femme, eût-elle le meilleur des époux, pense toujours en avoir le pire. Voilà pourquoi j’ai ri, et maintenant je m’en irai si j’ai votre congé.

— Mais, dit l’empereur, comment tenir mon serment à l’égard de Grisandole si mon sénéchal est femme et pucelle ? J’ai juré d’octroyer ma fille et la moitié de mon royaume à qui vous amènerait à moi.

— Eh bien, beau sire, épousez votre sénéchal. Vous ne sauriez mieux faire.

Sur ce, l’homme sauvage prit congé. Toutefois, avant de partir, il écrivit en caractères hébreux sur le haut de la porte :


Sachent tous ceux qui ces lettres liront, que le grand cerf branchu qui fut chassé dans Rome, et que l’homme sauvage qui expliqua à l’empereur son rêve, ce fut Merlin, le premier conseiller du roi Artus de Bretagne.


Quelque temps plus tard vint un messager de l’empereur Adrian de Constantinople. Comme il se retirait, il jeta les yeux sur les lettres qu’avait tracées Merlin et les lut aisément à l’empereur. Mais, aussitôt que Julius César les connut, elles disparurent et l’on n’a jamais su ce qu’elles étaient devenues. Et c’est depuis ce temps que l’empereur de Rome fut jaloux du roi Artus.