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LA PUCELLE AU CLAIR DE LUNE


III


Arrivés à une pierre nommée le perron de Merlin, messire Gauvain et ses vingt compagnons se séparèrent pour avoir plus de chances de trouver celui qu’ils cherchaient. Ils convinrent de porter leur écu à l’envers pour se reconnaître. Et chacun tira de son côté.

Un soir, messire Gauvain parvint à l’orée d’une forêt, où, à la clarté de la lune qui commençait de luire, il découvrit une pucelle assise sous un arbre, laquelle, en le voyant, se leva et lui dit :

— Ha, sire, il y a longtemps que je vous attends !

— Dieu vous donne bonne aventure ! répliqua-t-il.

Il mit pied à terre et attacha son cheval ; puis il ôta son heaume, s’allégea de ses armes et la pria d’amour. Mais elle lui répondit qu’elle était pauvre et peu belle, et qu’elle était envoyée pour le conduire à une dame beaucoup plus avenante qu’elle. Messire Gauvain se mit à rire et, la prenant dans ses bras, il la baisa le plus