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L’ÉTROITE MARCHE

En outre, mes hôtes doivent jurer sur les reliques qu’ils combattront les ennemis de l’Étroite Marche : ainsi a nom ce château.

— Sire, c’est là une mauvaise coutume, dit Hector. Un étranger ne doit pas être forcé de guerroyer contre qui ne lui a méfait.

— Qu’y puis-je ? Il n’y a pas sept jours que deux chevaliers du roi Artus ont été pris en combattant ici contre Marganor. Ils m’ont dit qu’ils s’appelaient Yvain et Sagremor, et qu’ils étaient en quête du meilleur homme qui ait jamais porté écu, bien qu’ils ne sussent où il est, ni ne le connussent. J’ai eu grand chagrin de leur prise, mais il faut obéir à la coutume.

En apprenant cette nouvelle, Hector poussa un grand soupir, car, bien qu’il n’eût jamais vu monseigneur Yvain ni Sagremor le desréé, il avait souvent ouï parler d’eux. Et la nuit il dormit peu, car il se demanda comment il les pourrait délivrer, tout seul comme il était. Il se leva dès qu’il vit le jour, et, quand il eut entendu la messe, il réclama ses armes. Mais le vieux sire lui rappela qu’il devait jurer de combattre les ennemis de l’Étroite Marche avant que de les avoir. Les reliques furent apportées, et très volontiers il fit le serment, car il pensait aux deux prisonniers.