tant fait que le roi s’était épris de fol amour pour elle.
Le jour même que messire Gauvain arriva avec Hector, il n’eut pas de peine à découvrir ses dix-neuf compagnons de quête, qui étaient venus secrètement comme lui au secours de leur seigneur, car devant leurs tentes ils avaient placé leurs écus à l’envers, ainsi qu’il avait été convenu. Messire Gauvain leur dit comment il avait mené la quête à bien, et ils résolurent de combattre avec Lancelot, Galehaut et Hector, sans se faire connaître. Et, dès ce jour-là, les vingt-trois chargèrent ensemble et accomplirent tant de prouesses que chacun s’en ébahit.
La reine et ses demoiselles logeaient à quelque distance, derrière l’armée du roi, dans un village. En revenant de la bataille, Lancelot et Galehaut allèrent passer avec leurs gens devant cette maison. Et sachez que Lancelot portait à son heaume la manche vermeille que lui avait envoyée sa dame, et que son écu était peint d’une bande blanche, ainsi qu’elle l’avait ordonné. Lionel chevauchait à ses côtés, portant ses lances, armé d’un chapeau de fer et d’un haubergeon, comme un sergent.
— Reconnaissez-vous ce chevalier ? demanda la reine à la dame de Malehaut en les voyant venir.
Celle-ci se mit à rire. Et Lancelot leva les yeux, comme fit aussi Galehaut, et en aperce-