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L’ÉCU SOUDÉ

riet, son neveu, frère de Gauvain. Et, sitôt qu’il fut couché avec sa maîtresse, quarante Saines l’enlevèrent, ainsi que son compagnon.

Dans le même temps, Lancelot et Galehaut, prévenus par Lionel, sortaient tout doucement de leur tente et gagnaient le logis de la reine. À la porte du jardin, ils trouvèrent la dame de Malehaut qui les introduisit en grand secret ; et quand chacun d’eux fut dans une chambre avec son amie, il en fit ce qu’il lui plaisait et eut toutes les joies qu’un amant peut avoir. La reine se leva à la minuit et vint dans l’obscurité tâter l’écu que lui avait apporté la demoiselle du Lac ; elle n’y sentit plus de brisure : dont elle fut heureuse, car ainsi sut-elle qu’elle était la plus aimée des femmes.

Un peu avant le jour, les deux chevaliers revêtirent leurs armes dans la chambre de la reine. À son tour, la dame de Malehaut examina l’écu à la clarté des chandelles et lorsqu’elle vit que les deux parties en étaient rejointes, elle prit en riant Lancelot par le menton et lui dit :

— Sire chevalier, il ne vous manque plus que la couronne pour être roi !

De cela il eut grand’honte ; mais la reine vint à son secours.

— Dame, dit-elle, si je suis fille de roi, il en est fils aussi ; et si je suis gentille femme et belle, il est aussi noble et beau que moi, ou davantage.