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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC

Alors la reine prit le beau damoisel par la main et lui demanda où il était né. Mais lui, au toucher de cette douce main, il tressaille comme un homme qui s’éveille, et ne réplique mot.

— D’où êtes-vous ? reprend la reine.

Il la regarde et lui dit en soupirant qu’il ne sait d’où. Elle lui demande comme il a nom, et il répond qu’il ne sait comme. À cela, elle vit bien qu’il était tout ébahi et hors de lui-même ; et certes elle n’osait imaginer que ce fût à cause d’elle ; pourtant elle en avait quelque soupçon. Alors, pour ne pas le troubler davantage, et de crainte aussi que nul n’en pensât mal, elle se leva.

— Ce valet ne semble pas de grand sens, dit-elle, et, sage ou fol, il a été assez mal enseigné.

— Qui sait, dame, dit messire Yvain, s’il ne lui est pas défendu de révéler son nom et son pays ?

— Cela peut bien être, répondit-elle, mais si bas que le damoisel ne l’entendit pas.

Puis elle se retira dans ses chambres.


V


La nuit venue, messire Yvain conduisit le beau valet dans une église où il le fit veiller jus-