Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES


XLVII


Le lendemain, à tierce, ils parvinrent au bord d’un étang : au fond de l’eau transparente, on voyait un chevalier tout armé qu’une dame tenait embrassé. Lancelot mit pied à terre aussitôt.

— Prenez garde, sire chevalier, dit la demoiselle, jamais personne ne les a pu tirer de là.

— Assurément, si quelque autre l’eût fait, je n’aurais point à tenter cette aventure !

Là-dessus, Lancelot saute dans l’eau et il reparaît bientôt, portant le chevalier qu’il allonge sur la rive ; puis la dame auprès de lui.

— Sire, dit la demoiselle, cette dame fut bonne et belle. Un chevalier l’aimait de grand amour, et elle l’aimait aussi, mais loyalement, et jamais il n’y eut entre eux de vilenie. Malheureusement, son mari était jaloux et, après avoir occis le chevalier, il le fit jeter secrètement dans cet étang. Quand elle le sut, elle se mit à genoux : « Sire Dieu, s’écria-t-elle, aussi vrai que jamais nous n’eûmes d’amours vilaines, faites que je voie le corps de mon chevalier ! » Et son ami lui apparut comme vous l’avez aperçu