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FRÉNÉSIE DE LANCELOT

Morgane reçut son serment, après quoi elle lui remit un cheval et des armes, et il s’éloigna tristement.

Longtemps il erra comme âme en peine ; puis il résolut d’aller en Sorelois pour se réconforter auprès de Galehaut, mais il n’y trouva point son ami. Il y fut très bien accueilli ; cependant il songeait sans cesse à cette vision cruelle qu’il avait eue, sans pouvoir s’assurer que ce fût un rêve, et, comme il ne voulait se confier à personne, à la longue sa tête se dérangea. On avait beau lui faire joie : tout lui déplaisait. Une nuit, enfin, il saigna tant du nez dans son lit, que sa cervelle s’amollit : il se leva dans un transport et se sauva par la campagne, vêtu seulement de sa chemise et de ses braies. Le lendemain, les gens de Galehaut trouvèrent ses draps ensanglantés et le cherchèrent vainement : ils crurent qu’il s’était occis. Cependant il errait par les bois, mangeant peu, dormant à peine et menant grand deuil : de sorte qu’il devint tout à fait forcené. Mais le conte laisse maintenant ce propos pour deviser de Galehaut.


LII


Après s’être séparé de Lionel qui s’en fut de son côté, il chercha longuement Lancelot par