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KEU LE SÉNÉCHAL À NOHANT

le cœur franc et ne gardait point aisément rancune aux dames et à ceux qui amendaient leurs offenses sans félonie.


VIII


Or, la dame de Nohant qui, d’abord qu’elle l’avait vu, l’avait peu estimé, s’était prise pour lui d’amour lorsqu’il l’avait ainsi traitée ; et elle était très belle ; pourtant il n’en fut point touché, car il ne mettait pas toutes les beautés dans son cœur. Le lendemain, au matin, elle l’envoya chercher à grand honneur ; mais, comme il arrivait au palais, voici venir Keu le sénéchal.

— Dame, messire le roi m’a chargé de soutenir votre droit. Il l’eût fait dès le premier jour, si un nouveau chevalier ne l’eût prié de lui en accorder le don.

— Sire Keu, dit le damoisel, c’est à moi de combattre, puisque je suis arrivé le premier.

— Ce ne peut être, dit Keu, puisque je suis venu.

— Nous jouterons donc : le vainqueur fera la bataille.

La dame était embarrassée : elle désirait de confier son droit au blanc damoisel, mais elle