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NOUVEAU PÉCHÉ DE MONSEIGNEUR GAUVAIN

— Moi, Florie, je me baptise au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit et de la sainte foi en Jésus-Christ.

À voir cela, messire Gauvain se mit à rire aux éclats :

— Par mon chef, vous voilà dame bénite sans faute ! Mais il y faudrait encore le sel et le chrême.

— Ha, sire, ne me tuez pas ! J’ai en moi la foi et la ferme volonté de faire ce qu’il faudra dès que ce sera possible. La plus grande part de ma terre est en chrétienté ; l’autre partie se convertira aisément quand elle saura que je suis moi-même chrétienne.

— Dame, dit messire Gauvain, puisqu’il en est ainsi, me voilà maintenant tout à votre volonté. Faites comme il vous plaira.

Alors la dame le serra contre elle, en le baisant aux yeux et aux lèvres, et elle l’aima de si grand amour qu’elle ne s’en put refroidir et que plus il s’abandonnait à elle, plus elle le désirait. Ainsi menèrent-ils toute la nuit leur joie et leur déduit : tant qu’ils s’endormirent bras à bras et bouche à bouche ; et parce qu’ils étaient tous deux de grande beauté, belle aussi fut leur union. Quand vint le jour, ils s’éveillèrent et la dame retourna dans son lit. Certes il fut heureux pour son renom que personne, ni homme ni femme, ne couchât de ce côté de la maison !

Au matin, elle se rendit à un couvent de moines qui se trouvait non loin de là, où elle fut