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COMME LA PETITE FEUILLE SUK L’ARBRE

dame. Allez à la cour ; portez-lui cette boîte où sont mes cheveux ; dites-lui que, s’il lui plaît, je mourrai ; que je vivrai s’il lui plaît

— Par ma foi ! il convient de vous décider tôt, car je ne sais si vous seriez en vie à mon retour !

Là-dessus, Lionel retourna auprès de la pucelle et lui déclara que, si elle guérissait Lancelot, sans doute il deviendrait son chevalier et son ami. Dont la pauvrette fut aussi contente que si on lui eût mis Dieu dans les mains ; elle se mit à trembler comme la petite feuille sur le haut arbre.

Sur-le-champ, elle se leva et s’habilla. Déjà Lionel était parti à toute allure sur son cheval, sans autre arme que son épée pour être moins lourd. Elle vint au lit de Lancelot, qui lui fit aussi belle chère qu’il put, et elle lui prépara un électuaire très bon, dont elle lui oignit les tempes et les bras : grâce à cela il sommeilla toute la nuit et se trouva, au matin, plus léger que le jour précédent. Alors elle le fit un peu manger, car il avait la tête vide ; après quoi il se rendormit et ne se réveilla que le lendemain soir, pour voir Lionel arriver au grand galop, qui avait tant éperonné qu’il était couvert de sang jusqu’au mollet.

— Sire, madame vous mande cent mille saluts et elle vous ordonne de faire la volonté de la pucelle pour vous délivrer de la mort et pour