Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
LA VIERGE PAR AMOUR

Elle s’en fut, après l’avoir recommandé à Dieu. Et Lancelot embrassa Lionel et prit tendrement congé de lui ; puis il se dirigea vers la forteresse.

Dès qu’il en eut passé la porte, il entendit les gens murmurer autour de lui :

— Sire chevalier, la honte vous attend.

Il continua son chemin sans répondre, et parvint au pied de la maîtresse tour. Là, des cris de femme l’arrêtèrent : c’était cette même demoiselle que messire Gauvain n’avait pu tirer hors de sa cuve, qui le suppliait de la secourir. Il s’approche, la prend sous les aisselles et l’en ôte aussi aisément que si elle n’eût pesé plus qu’un fétu. Aussitôt elle tombe à ses pieds, lui baisant la jambe et le soulier ; et ceux de la ville commencent de s’assembler.

On le conduit à un cimetière, on lui montre une tombe sur laquelle des lettres disaient :


Cette tombe ne sera pas levée avant la venue du léopard dont le grand lion naîtra.


Lancelot y met la main et la soulève sans effort. Un serpent hideux, qui était mussé là-dessous et dont l’haleine flamboyait comme un feu ardent, se lance hors de la fosse et rampe par le cimetière, dont bientôt les arbrisseaux sont en flammes. Mais Lancelot lui court sus, et, quoique le dragon lui ait brûlé de son souffle