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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

piqua des deux vers Lancelot. Mais, du premier coup, celui-ci l’envoya rouler dans l’eau à son tour ; après quoi il attendit tranquillement qu’il en fût sorti et lui demanda s’il voulait continuer.

— Sire, pour Dieu, merci ! répondit le chevalier. Voici mon épée ; je me rends à vous.

Et il le conduisit à grand honneur au palais, où sa sœur, qui était prude femme, fit bel accueil à Lancelot. Quand elle l’eut désarmé et rafraîchi, elle s’assit auprès de lui dans la salle, sur la jonchée, et elle lui demanda s’il connaissait un chevalier nommé Hector qui, lui aussi, était compagnon de la Table ronde.

— Par la Sainte Croix, répondit Lancelot, je ne sais pas un homme au monde que je redouterais autant, s’il nous fallait combattre à outrance, tant il est vite, preux, adroit et endurant ! Je le crois meilleur chevalier que monseigneur Gauvain.

— Ainsi doit-il être, car son père, le roi Ban de Benoïc, fut des preux de ce monde : bon chien chasse de race.

— Demoiselle, vous vous trompez : je suis Lancelot du Lac et le roi Ban de Benoïc n’a d’autre fils que moi.

À ces mots, la demoiselle se mit à pleurer de joie et de pitié et, après avoir tendrement baisé Lancelot sur la bouche, elle lui apprit comment elle avait connu le roi Ban en ce même château des Mares où ils étaient présentement, et com-