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L’ÉCU EFFRAYANT

demeura dans ce pays où il réduisit tous les chevaliers en servage et viola toutes les demoiselles, qu’il emportait dans son château du Tertre.

« Il y a un an, pourtant, il s’éprit de l’une d’elles et la requit d’amour courtoisement ; mais elle lui répondit qu’il était trop cruel.

« — Je vous aimerai, dit-elle, si vous me jurez que jamais vous ne sortirez de ce château, sinon pour venger votre honneur.

« Mauduit fit le serment ; mais il eut soin d’envoyer pendre son écu à cet arbre où vous l’avez trouvé, pensant que si cet écu était abattu ou pris, il pourrait bien sortir sans se parjurer. Hélas ! nous avions chargé dix demoiselles d’avertir les chevaliers errants qu’ils n’y devaient pas toucher… Mais, par votre faute, voilà ce diable déchaîné. Voyez quel mal vous avez fait au pays !

— Eh bien, je te dirai ce que je veux que tu fasses. Tu iras au château du Tertre, et tu avertiras Mauduit que c’est Hector des Mares qui a emporté son écu et qu’il agirait comme un vilain en s’en vengeant sur les gens de cette contrée.

— Je n’irais pas au Tertre pour toute la terre du roi Artus !

— Par ma foi, tu iras ou je te tuerai !

Et Hector feignit de vouloir lui couper la tête ; ce que voyant, le vaincu, qui avait nom Triadan du Plessis, promit et se mit en chemin sur son destrier.

Il marcha au petit pas, car il était fort blessé,