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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

il arriva ainsi devant un petit château. Il héla le portier, et le pont, qui était levé, s’abaissa : mais un chevalier sortit tout armé, criant :

— Ha, déloyal, vous voulez être hébergé ? Vous le serez sous terre, à jamais, en récompense du mal que vous avez fait en décrochant l’écu !

Le destrier d’Hector était si fatigué qu’on l’eût écorché plutôt que de lui faire prendre le trot : il ne valait pas mieux qu’un ânon ; aussi fut-il abattu à la rencontre. Mais Hector se releva aussitôt, et, comme le chevalier du château revenait à lui au galop, il l’évita et plongea son épée dans le ventre du cheval, si bien que l’autre tomba lourdement et demeura étourdi. Et Hector s’éloigna sans plus s’occuper de lui, tout las et dolent, tirant sa monture par la bride. Il parvint de la sorte au bord d’une fontaine : là, il dessella et débrida son destrier, lui coupa de l’herbe avec son épée, le pansa en le frottant de sa cotte d’armes, le fit boire lorsqu’il l’eut fait manger ; après quoi il ôta son haubert et ses armes et s’endormit au pied d’un petit cerisier.

Au matin, il fut réveillé par un grand fracas dans les halliers : c’était Mauduit qui avançait, au pas de son grand cheval pour ne pas faire de bruit (mais sachez qu’il en faisait plus que dix chevaliers armés), maugréant et jurant parce qu’il ne trouvait point celui qui lui avait pris son écu. Hector le reconnut bien à sa grandeur. Il sauta sur ses armes et s’élança derrière lui.